"Nos ancêtres les Gaulois" : faut-il s'en amuser ?

Par 21/09/2016 - 20:52 • Mis à jour le 18/06/2019 - 15:19

(VIDEO) - Entre ironie et critiques, les propos de Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de Les Républicains, sur "nos ancêtres les Gaulois", ont fait réagir la sphère politico-médiatique de Paris aux Antilles.

    "Nos ancêtres les Gaulois" :  faut-il s'en amuser ?
Lundi 19 septembre 2016, une fois de plus, Nicolas Sarkozy n'a pas fait dans la dentelle d'un meeting à Franconville (Val d'Oise), prétendant que les Français étaient forcément Gaulois. "Dès lors que l'on devient Français, nos ancêtres sont Gaulois", a-t-il lancé.

Alors que l'ancien président est engagé dans la course à la primaire de son parti, Les Républicains (LR), certains n'ont pas hésité à parler de "propos volontairement polémiques", destinés à faire le buzz. Parmi eux, Ericka Bareigts (Parti Socialiste). Pour la ministre des Outre-mers, les propos de l'ancien président ont été tenus délibérément. A Paris, en marge du salon Top Resa, elle a épinglé cette déclaration.

"Un, ce n'est pas un dérapage. C'est la déclaration d'un candidat à la candidature pour être président de la République. Deux, c'est un ancien président de la République. Déclarer ce genre de chose, c'est diviser la France. Lorsque l'on prétend vouloir diriger la France, on ne peut pas la diviser. Un responsable politique doit unir la France", a-t-elle assuré.

Au-delà de propos polémiques, Nicolas Sarkozy a en réalité clairement affiché sa préférence pour le modèle assimilationniste. Celui de l'intégration aurait lamentablement échoué.

"Nous ne nous contenterons plus d'une intégration qui ne marche plus, nous exigerons l'assimilation. Quelle que soit la nationalité de vos parents, jeune Français, à un moment où vous devenez Français, vos ancêtres, ce sont Les Gaulois et c'est Vercingétorix".

Si la justesse historique de cette déclaration a été contestée par nombre d'historiens, de journalistes ou encore par Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Education, Karine Mousseau, la présidente du comité martiniquais du Tourisme, n'a pas été choquée par cette petite phrase.

Actuellement à Paris, l’élue du François affiche "plus que jamais" son soutien à Nicolas Sarkozy.

"C'est une phrase qui est sortie d'un long discours. J'appelle tout le monde à le relire. Nicolas Sarkozy y explique ses origines. Il explique qu'il est arrivé en France, qu'il a appris l'histoire de France. Ce qui ne nous empêche pas nous de connaître notre histoire (...), Notre passé d'esclaves que nous regardons en face. Nous sommes aussi Français, nous avons aussi cette culture française en nous, dans nos façons de vivre et de voir le monde".

Pourtant en terre martiniquaise, les déclarations de l'ex-président ont été mal perçues même par ses ouailles.

Fred Michel Tirault, le président de la fédération du parti, a condamné "les propos de Nicolas Sarkozy qui oublie que la France est forte de sa diversité. Par ces propos, il renie sa propre histoire et méprise les Martiniquais ainsi que tous les citoyens de toutes origines qui construisent la France".

Pour Marc Séfil, un autre Martiniquais, conseiller national LR, "ni Gaulois, ni assimilationniste", "ces propos ont une résonance particulière et heurte nos consciences caribéennes. Ce que ne peut ignorer un ex-président de la République'" .

A 400 kilomètres de là, en Guadeloupe, seule Josette Borel-Lincertin, la présidente du conseil départemental a réagi dans un communiqué en date du mardi 20 septembre.

Elle a "vivement déploré cette escalade verbale des candidats qui, dans la course effrénée derrière les électeurs du Front national arrivent à en adopter les thèses les plus éculées, les plus rétrogrades et les plus ineptes du point de vue historique. Cette sortie de l'ancien président de la République est une offense faite aux Français originaires des Outre-mer et à tous les combats menés depuis des décennies pour que soit admise, reconnue et valorisée la possibilité d'être français de sang-mêlé, comme lui-même a pu se présenter en d'autres temps".

os-ancetres-les-gaulois-nicolas-sarkozy-revient-sur-la-polemique-1039440.html" target="_blank">Selon les médias nationaux, Nicolas Sarkozy est revenu sur cette polémique au cours d'un dîner organisé, mardi, par le journal Valeurs Actuelles. En substance, il a expliqué que l'histoire de France est une construction, "un roman national". Elle est peuplée de héros qui ont fait le pays. Et ce"roman" n'aurait pas vocation à présenter "forcément la vérité historique dans le détail".

Alors, face à ces propos du candidat à la primaire de la droite, nous, Ultramarins, ne devons-nous pas prendre du recul et sourire ? En 1994, c'est à travers une anecdote qu'Aimé Césaire, écrivain et homme politique, disait s'amuser face à l'affirmation "nos ancêtres les Gaulois ".

— franceinfo (@franceinfo) 20 septembre 2016


Quelques années plus tôt, en 1987, un autre président de la République, François Mitterrand s'était exprimé sur le sujet lors d'un discours prononcé à l'occasion d'un colloque organisé à la Sorbonne par l'association France-Libertés.

Avec humour, il énumère alors la diversité du peuple français. Cette tirade rappelle à ceux qui veulent cantonner la France à une période que son histoire est en constante évolution ...



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