Le Mémorial Acte a 10 ans : une décennie d'espoirs et de polémiques
Il devait être un phare de la mémoire de la traite négrière et de la mise en esclavage des populations afro-caribéennes. 10 ans après son inauguration, la réputation du MACTe est entachée par de nombreuses polémiques.
Dix ans que le MACTe se dresse face à la mer à Pointe-à-Pitre, symbole de mémoire, d'histoire et souvent de discorde. À l'origine, une volonté profondément ancrée dans la société guadeloupéenne qui se transforme en ambitieux projet de 83 millions d'euros à l'initiative de l'ancien président du Conseil régional, Victorin Lurel.
Sur proposition du Comité international des peuples noirs, l'ambition est de faire du Mémorial ACTe un centre caribéen de l'expression de la mémoire, de l'esclavage et de la traite. En 2015, il est inauguré en grande pompe par François Hollande, président de la République à l'époque, en présence de chefs d'Etat africains, ainsi que le président d'Haïti et une quinzaine de chefs de gouvernement et de ministres de la Caraïbe.
Les premières critiques fusent. Le coût ? Un montant pharaonique pour certains, Un projet en total décalage avec les préoccupations quotidiennes dans un territoire frappé d'un taux de chômage de plus de 25 %. Mais une ambition pour Victorin Lurel, qui souhaite que cette structure devienne, selon ses mots, "l'âme de la Guadeloupe".
Les premières années, le MACTe attire des milliers de visiteurs des multiples expositions et des événements qui marquent les esprits et des conférences internationales.
Le temps de l'instabilité
Puis le MACTe passe à la postérité, non plus pour sa programmation culturelle, mais pour une succession d'irrégularités, de polémiques et de graves dissensions.
L'établissement est secoué par des accusations de malversations financières conduisant à l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet national financier. Cette affaire, qui n'a toujours pas connu de dénouement public, laisse des traces sur l'image du Mémorial.
En interne, le MACTe devient le théâtre de conflits lourds. Laurella Rinçon arrive en 2019. Et rapidement, des dissensions apparaissent. Droit de retrait des salariés, procès aux prud'hommes.
L'institution embrasse un nouveau cycle d'instabilité. En 2021, la Chambre régionale des comptes relève de graves irrégularités dans la gouvernance. L'année d'après, la situation s'aggrave. Des soupçons de favoritisme et de dépenses injustifiées émergent autour de la directrice, qui sera finalement poursuivie et condamnée en janvier 2024 pour favoritisme dans un marché public révoqué.
Entre temps, le tribunal administratif de Basse-Terre annule les décisions de révocation entachées d'irrégularités. Une nouvelle direction par intérim est assurée par Manuella Moutou.
Au bout de 15 mois, un rapport pointe du doigt une inaction généralisée. Pendant ce temps, la programmation culturelle du MACTe devient de moins en moins lisible et visible. La structure accueille plus timidement des conférences et des expositions.
Pour ce 10ᵉ anniversaire, une grande rétrospective a été lancée entre bilan culturel et espoir d'un renouveau. Mission désormais confiée à Isabelle Vestris, la nouvelle directrice générale du Mémorial Acte par Raphaël Lapin, le président du MACTe.
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