« Aujourd’hui, les femmes ont plus de chances de survie après un cancer du sein »

Par 11/10/2023 - 14:19 • Mis à jour le 11/10/2023 - 14:45

Spécialisée en cancer du sein, chirurgie mammaire et reconstruction mammaire, le Dr Ambre Tramier, gynécologue obstétricien, au service de gynécologie obstétrique du CHU de Pointe-à-Pitre, revient, pour RCI Guadeloupe, sur l’importance des dépistages. Interview.

    « Aujourd’hui, les femmes ont plus de chances de survie après un cancer du sein »
Dépistage cancer du sein. Photo d'illustration.

Aujourd’hui, quel est l’état des lieux du cancer du sein en Guadeloupe ?

Je n’ai pas de chiffres exacts, mais sont des chiffres qui se superposent un peu à la Métropole. Ce que l’on constate, c’est qu’il y a de plus en plus de femmes jeunes, de cancers découverts à des stades précoces et notamment grâce au dépistage.

Il n’y a d’ailleurs pas que le cancer du sein ?

En effet. Il y a aussi une augmentation d’autres types de cancers, comme celui du col de l’utérus, dû au papillomavirus. On a des moyens de dépistage mais aussi de prévention comme la vaccination qui sont très importants.

Il y a aussi peut-être davantage de cancers de l’endomètre et des ovaires mais ça, c’est aussi dû à tout ce qui est hygiène alimentaire et activité physique.

Comment dépister un cancer du sein ?

Il y a différentes sortes de dépistages.

Le dépistage organisé, qui va de 50 ans jusqu’à 74 ans. Une mammographie est proposée tous les deux ans et, ensuite, on aura une double lecture par les radiologues. C’est ce qui va permettre de dépister des cancers du sein.

À côté de cela, nous avons aussi le dépistage individuel, après notamment une autopalpation chez les femmes. C’est pourquoi il est très important de faire l’autopalpation, notamment sous la douche ou devant la glace. Et c’est d’autant plus important que, bien souvent, le cancer ne fait pas mal.

« Ne pas hésiter à consulter si on dépiste une masse dans le sein »

Que faire si on a un doute après une autopalpation ?

Si on dépiste une masse dans le sein, il ne faut pas hésiter à consulter son médecin traitant ou son gynécologue pour faire un examen d’imagerie et dépister quelque chose le cas échéant. Bien sûr, toute masse suspecte n’est pas un cancer mais il faut quand même aller voir et ne pas se dire que cela va passer tout seul.

Pourquoi le dépistage est-il si important ?

Il a une place prépondérante parce qu’il permet notamment de prendre en charge des cancers à un stade précoce. Et, sachant que le cancer du sein est la première cause de mortalité chez la femme, il est important de le dépister à un stade précoce. Le cancer du sein se prend bien en charge.

dépistage cancer du sein

Comment, justement, et grâce à quel traitement est-on soigné d’un cancer du sein ?

Aujourd’hui, les femmes ont plus de chances de survie après un cancer du sein car il existe de plus en plus de thérapeutiques. Il y a différents types de traitement : la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie, l’hormonothérapie. Le ou la patiente ne sera pas forcément soigné avec tous ces traitements mais seulement par quelques-uns. Cela va évidemment dépendre du type de cancer.

Comment les patients sont-ils pris en charge au CHU de Pointe-à-Pitre ?

Nous utilisons, en effet, pas mal de techniques au CHU. Et on peut proposer celles que l’on ne fait pas aux patientes mais, dans ces cas-là, on les oriente soit vers la Métropole, soit en Martinique.

Au CHU de Pointe-à-Pitre, nous proposons aussi la reconstruction mammaire, qui peut être faite immédiatement s’il y a, par exemple, une indication à faire une mastectomie (enlèvement d’un sein) chez une patiente. Cela permet à la patiente de ne pas se retrouver avec un geste chirurgical qui est assez délabrant.

On peut également faire la reconstruction mammaire secondaire.

Face à ce fléau, le personnel médical n'est pas seul à agir ?

On travaille aussi avec les réseaux et les associations, notamment pour des soins de support. Les soins de support visent à mettre en place un soutien psychologique, diététique, des activités.

On essaie de développer un peu plus les soins de support à l’intérieur du CHU et cela passe beaucoup par le réseau ou les associations. Ils ont un rôle très important.

INFOS + 

En Guadeloupe, près de 20 % des cancers du sein sont diagnostiqués chez les femmes âgées de moins de 50 ans. Une surmortalité par cancer du sein chez les Guadeloupéennes âgées de 45 à 54 ans est observée comparativement à leurs homologues françaises, selon l'Observatoire Régional de la Santé de Guadeloupe.


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