Les magistrats de la cour d'appel font front contre l'insécurité en Guadeloupe
À la cour d'appel de Basse-Terre, les magistrats ont décidé de ne pas laisser déraper la situation sécuritaire de la Guadeloupe. Ils réclament donc des moyens supplémentaire mais aussi un sursaut citoyen.

Conférence de presse exceptionnelle ce matin des deux chefs de la Cour d'Appel de Basse-Terre.
Le Premier Président, Michaël Janas, et le Procureur Général, Eric Maurel, ont tenu à tirer la sonnette d'alarme devant la presse locale et en visio face aux médias nationaux, sur la situation extrêmement critique de la criminalité et de la violence en Guadeloupe.
Pour eux la menace qui pèse sur la société est réelle. Et il ne faut surtout pas la prendre à la légère. Eric Maurel n'hésite pas à parler de structuration mafieuse de certains groupes criminels sur le territoire Guadeloupéen :
27 homicides, 111 tentatives d'homicide, des vols à main armée qui ne cessent d'exploser. Il est aussi à rapprocher la criminalité organisée. Le territoire de la Guadeloupe et des Îles du Nord est confronté désormais à une activité du narco-banditisme de plus en plus importante. Une récente affaire, traitée par Fort-de-France, a démontré que la cocaïne coulait à flot sur ce territoire. Et nous ne sommes pas qu'une plateforme de redistribution, mais aussi un marché local. Et l'ampleur des trafics de produits stupéfiants et l'ampleur des produits qui sont l'objet de ces trafics, ainsi que le trafic d'armes, puisque les vecteurs sont les mêmes, ne sont pas sans nous inquiéter. Alors que l'on voit bien que ceux qui se nommaient autrefois des groupes criminels qui ont évolué en gangs aujourd'hui semblent, et il faut être prudent dans les termes que l'on emploie, mais semblent évoluer vers des structurations mafieuses, avec des gangs qui sont structurés, qui sont de plus en plus violents, qui utilisent délibérément de très jeunes mineurs auxquels ils confient des armes et des gangs qui commencent à pénétrer la vie sociale Guadeloupéenne par le monde des arts, par les associations caritatives et qui ont tenté et tentent encore, probablement, par porosité, de pénétrer le monde de la vie publique et politique
Des moyens supplémentaires
Les deux hauts magistrats réclament un sursaut citoyen mais appellent aussi et surtout leur hiérarchie à renforcer massivement et en urgence les forces de justice en Guadeloupe.
Selon leur évaluation, il faudrait 5 magistrats supplémentaires et magistrat JIRS au Parquet de Pointe-à-Pitre, à l'image de celui qui existe déjà en Martinique.
Pour Mickaël Janas ces renforts éviteraient que des criminels échappent à la cour d'assises faute de moyens.
Beaucoup de crimes qui devraient être jugés en cour d'assises sont jugés devant le tribunal correctionnel pour aller plus vite et aussi pour faire face. On a un rajeunissement de la criminalité, un phénomène de gangs, des gangs qui sont très attractifs pour notre jeunesse, des armes qui sont très accessibles. On est face à un mur de délinquance qui, dans sa gravité, nécessite une réponse plus forte de l'État et des moyens supplémentaires. Si l'on veut agir efficacement contre les gangs, il faut aussi aller sur le patrimoine, sur les investigations financières, de manière à démanteler les réseaux
Ecoutez Pierre Emmanuel était présent à cette rencontre avec la presse. Il a pu interroger en longueur les deux magistrats
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