« Il y a un message qui m'a dépassé », l’artiste Blow bientôt entendu par les enquêteurs
Le Kòlèktif Awtis Rézistans, l’association Envie Santé et les artistes Blow et Antonwè sont sous le coup d’une information judiciaire après l’exposition d’un tableau représentant le président, Emmanuel Macron, décapité. Cette œuvre controversée, exposée au Centre des Arts - Maryse Condé, faisait partie de l’exposition : « Exposé.e.s au chlordécone - Resetting Destiny », du 9 janvier au 3 février, une initiative réunissant artistes, chercheurs et associations autour du scandale du chlordécone.

Alors que la procédure judiciaire suit son cours, après la plainte déposée par Emmanuel Macron, la mobilisation s’intensifie pour rappeler l’urgence de dénoncer les ravages du chlordécone.
Mettre en lumière le scandale du chlordécone
Ce jeudi matin 13 février, Philippe Verdol, président de l’association Envie Santé et co-organisateur de l’exposition, est convoqué à 9h30 pour être entendu par l’officier de police judiciaire en charge de l’enquête. Au-delà de la polémique judiciaire, Antonwè également artiste plasticien, insiste sur l’essentiel, à savoir l’impératif de mettre en lumière le scandale du chlordécone.
L’œuvre de Blow c'est la plus facile à attaquer, tout simplement. En plus, le nom, « non-lieu », on sait très bien de quoi ça parle. Il y avait un tiers, 40% des œuvres qui pouvaient être attaquées, que ça soit sur le sujet, sur le concept, sur l'œuvre en elle-même. Elle est facile à attaquer, l'œuvre de Blow, parce qu'elle est figurative. Elle est facile à attaquer parce que ce n'est pas une caricature. Mais ça reste une œuvre d'art qui pose une question.
« À la base j’ai juste peint »
Le 20 février, ce sera au tour d’Atonwè, commissaire de l’exposition, et de l’artiste Blow, auteur du tableau incriminé, de répondre aux autorités. Ce dernier s’est dit confiant quant à son audition et a rappelé le message véhiculé par son œuvre :
Je pense que j'ai rarement été aussi serein de ma vie. C'est un message qui évolue constamment et en tout cas, aujourd'hui, j'ai compris qu'il y avait un message parce qu'à la base j'ai juste peint. Mais je comprends vraiment qu'il y a un message qui m'a dépassé moi-même et qui est en gros. Soyez conscient de votre intégrité et de votre personne et de l'égalité, de l'équité qu'il y a entre chaque être humain et que personne, quel que soit le titre qu'il se permet de s'octroyer, n'a le droit de considérer un autre plus que lui-même.
Pour Me Vincent Tacita, ce dossier porte atteinte aux libertés des artistes :
On peut penser qu'en attaquant une œuvre ou son auteur, il y a de façon indirecte une atteinte portée à la libre circulation des idées, dont celles des artistes. En tout cas, c'est un sentiment qu'on peut avoir, parce que nul, même si les gens vous iront souvent en tant que blagueur, ça ne me fait rien, mais nul ne peut dire qu'il soit indifférent à une procédure qui le vise. Surtout quand on est artiste et qu'on a une sensibilité particulière qui fait justement qu'on est artiste.
Antonwè a pour projet d'étendre cette exposition sur le chlordécone à la Martinique et à la Guyane, en collaboration avec des artistes, dans l’espoir de la mener jusque dans l’Hexagone pour sa portée symbolique.
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