Explosion des alertes à la pollution de l'eau en Guadeloupe
En moins d’un mois, 7 alertes à la pollution de l’eau ont été enregistrées dans plusieurs communes depuis août 2023. Ces signalements, poussés jusqu’à l’interdiction d’utiliser l’eau du robinet pour se brosser les dents, suscitent des doutes légitimes concernant la gestion de l’eau sur le territoire.
Malgré le fait que l'eau soit considérée comme l'aliment le plus contrôlé en France, il semble que ce ne soit pas le cas en Guadeloupe. Les derniers cas d'alerte enregistrent des interdictions d'utilisation de l'eau du robinet depuis le 26 septembre à Baillif et du 21 au 29 septembre 2023 au Moule.
Le Syndicat Mixte de Gestion de l'Eau et d'Assainissement de Guadeloupe (SMGEAG) a rendu cette situation particulièrement inquiétante en émettant la consigne suivante dans un communiqué du 226 septembre dernier.
Les abonnés concernés ne doivent pas consommer l'eau pour la boisson, la préparation des aliments et le brossage des dents.
Des restrictions similaires ont été imposées à Sainte-Rose du 13 au 19 septembre.
Des contrôles peu fréquents
En temps normal, les contrôles de la qualité de l'eau doivent être effectués quotidiennement, voire plusieurs fois par jour, afin d'éviter tout risque de contamination bactérienne ou de turbidité de l'eau. Cependant, les données du ministère de la Santé indiquent que le dernier prélèvement à Capesterre Belle-Eau remonte au 16 août 2023, tandis qu'à Anse Bertrand, la dernière analyse date du 31 juillet.
Ces intervalles inexplicables pourraient expliquer la multiplication des cas de contamination. Cependant, deux hypothèses se dessinent.
D'une part, les techniciens seraient parfois contraints derétablir l'eau sans passer par l'étape du protocole d'épuration, un processus long, qui retarde le retour de la ressource dans les robinets après coupure, mais qui assure la qualité de l'eau.
D'autre part, l'absence d'auto-contrôles réguliers, qui devraient être effectués quotidiennement et plusieurs fois par jour, pourrait également jouer un rôle dans cette problématique.
Des réponses opaques
À ce stade, les raisons précises de ces incidents demeurent obscures. Malgré les tentatives répétées de la rédaction de RCI, le SMGEAG et l'Agence Régionale de Santé (ARS) n'ont pas répondu à nos demandes d'interview.
L'ARS a toutefois mentionné dans un message écrit qu'elle effectuait ces contrôles pour compenser les « manquements » des distributeurs. Cependant, le ministère de la Santé indique que le suivi sanitaire de l'eau est une compétence partagée entre les distributeurs et les agences régionales, ce qui laisse planer un doute sur la répartition des responsabilités.
Ce qui certain, c'est que la transparence et la responsabilité de toutes les parties prenantes sont nécessaires afin de garantir un approvisionnement en eau potable sûr et fiable à la population guadeloupéenne.
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