Économie guadeloupéenne : 2024, l’année du coup de frein
Selon une publication de l'IEDOM datée du 20 juin dernier, l’économie guadeloupéenne a marqué le pas en 2024, confrontée à une conjoncture incertaine et à des moteurs internes en perte de vitesse. Si l’environnement global reste sans effondrement brutal, les signaux d’essoufflement sont multiples.
Premier indicateur de ce ralentissement global, le fléchissement de la consommation des ménages, pilier traditionnel de la croissance locale. Les importations de biens durables chutent de 7,4 %, et l’environnement de taux d’intérêt élevés (7,39 % pour les crédits à la consommation) freine le recours au crédit, malgré une hausse du nombre de dossiers (+24,3 %). Cette prudence des ménages rejaillit sur le commerce, dont le chiffre d’affaires recule de 1,2 %, et sur les immatriculations de véhicules neufs (-6,1 %).
Les chefs d'entreprise encore confiants
Le climat des affaires reste relativement favorable, mais en retrait. L’indicateur ICA perd 3,6 points par rapport à 2023. L’investissement, après un début d’année timide, redémarre en fin d’année (+11,8 % pour les crédits d’investissement), encouragé par le ralentissement de l’inflation (+2,6 %, contre +3,9 % en 2023) et le soutien bancaire. Le secteur bancaire confirme son rôle d’accompagnement, avec une hausse de l’encours global des crédits (+4,6 %) et des actifs financiers (+3,3 %).
L’emploi s’améliore modestement, avec une baisse du nombre de demandeurs d’emploi (-2,1 %), mais le chômage reste élevé (16,8 % de la population active). Les tensions sur le recrutement persistent, notamment dans le BTP, la logistique et la distribution.
Quand le BTP va...
Certains secteurs clés peinent. Le BTP souffre de la fin de grands chantiers (notamment le CHU), d’un recul de la commande publique et d’un fort repli des logements autorisés (-26,7 %). Le chiffre d’affaires baisse de 4,6 %. Le secteur des industries agroalimentaires est aussi en berne : les exportations chutent de 8,3 % en valeur, et les abattages dans la filière viande reculent nettement.
Le tourisme, en revanche, fait figure d’exception stable. Le chiffre d’affaires de l’hébergement-restauration progresse de 10,3 %. Le nombre de passagers aériens reste quasi stable, et la saison des croisières 2025 s’annonce dynamique, avec 285 escales prévues (+15 %).
Les grandes espérances
Pour 2025, les perspectives restent prudentes. Si plusieurs projets d’envergure sont attendus — plan pluriannuel du Département (993 M€), extension du port de Jarry, Plan Eau, nouveaux hôtels — la concrétisation de ces investissements sera déterminante.
Dans un contexte marqué par l’instabilité géopolitique mondiale et un tissu productif encore fragile, la transition écologique, numérique et démographique représente un défi structurel de premier ordre pour la Guadeloupe.
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