Ponte des coraux : une « orgie sous-marine » ce vendredi
Deux espèces de coraux ont rendez-vous ce vendredi soir pour pondre et perpétuer l’espèce. En effet, les coraux se reproduisent de façon synchronisée quelques heures par an seulement. Un grand moment pour les plongeurs et les scientifiques de Guadeloupe.
Le spectacle est tout simplement « magique » selon les plongeurs qui ont eu la chance de voir une ponte. Il s’agit bien d’une chance car le phénomène est rarissime : les coraux pondent tous en même temps, ce qui rend la scène facilement visible quand l’on se trouve sur un récif, mais ils ne le font « qu’une à deux heures, deux à trois fois par an », explique Charlotte Dromard, maître de conférence en écologie marine à l’Université des Antilles, spécialiste de l’écosystème récifal. Cependant, si ce rendez-vous est rare, il est aujourd’hui observable après des années de recherche. Grâce à des recoupements statistiques dans toute la Caraïbe, des scientifiques ont réussi à donner des prédictions de ponte pour deux espèces : Orbicella annularis et Orbicella faveolata, aussi appelées « corail étoilé » en référence à de petites alvéoles en forme d’étoile. Ce corail pond « trois jours après la pleine lune de septembre », et une durée bien déterminée après le coucher du soleil. Le rendez-vous est donc fixé à jeudi 19 et vendredi 20 septembre « entre 21 heures et 22 heures ». Certaines prédictions se font parfois « à la minute près » explique Charlotte Dromard. Une page Facebook, Coral Spawning Research, permet de contribuer à ces statistiques. Chacun peut y apporter sa contribution et indiquer où, quel jour et à quelle heure il a observé une ponte de coraux. Ces deux espèces pondent aussi au mois de juillet. Il faut ensuite être au bon endroit au bon moment, c’est-à-dire sous l’eau avec l’équipement et le niveau adéquat. Une plongée de nuit ne s’improvise pas.
Des milliers de « petites boules roses »
« Toute la colonie de coraux relâche en même temps, par chacun de ses polypes, une boule de gamète », explique Mme Dromard. Des milliers de « petites boules roses » s’élèvent en même temps, « c’est magnifique », apprécie la scientifique. S’ils ne sont pas mangés par un prédateur, ces gamètes seront fécondés en surface, deviendront cellule œuf et se transformeront en larve. Des espèces profitent de ce grand moment pour se reproduire elles aussi : oursins, ophiures, vers, relâchent aussi leurs gamètes, et ont donc moins de risques de se les faire dévorer par les prédateurs, déjà bien occupés à chasser la semence des coraux. « C’est une véritable orgie sous-marine ! » s’exclame Pierre, plongeur professionnel. Il y a bien d’autres espèces de coraux qui pondent à d’autres moments dans l’année, mais pour celles-ci les recherches sont encore trop peu avancées et pour ces pontes là, les créneaux ne sont pas encore bien déterminés.
(Photos P-Y PASCAL)
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