Transat Jacques Vabre : les skippers antillais espèrent donner l'envie du large
À moins d'un mois du départ, le 29 octobre prochain au Havre, la Transat Jacques Vabre organisait la grande cérémonie de présentation de la 16e édition hier, à Paris, dans l'auditorium de la Maison de la Radio. Parmi les 95 équipages, plusieurs Antillais seront en lice, notamment avec l'espoir de faire naître des vocations en Martinique et en Guadeloupe.
Loin de la mer, c'est donc dans la capitale que les 190 skippers de la prochaine Transat Jacques Vabre, qui arrivera en Martinique, se sont presque tous retrouvés ce mardi pour la présentation de la 16e édition de cette course, créée il y a 30 ans et qui arrivera pour la deuxième fois à Fort-de-France, après 2021. Ce sont donc 95 duos de navigateurs qui ont été appelés sur scène pour être mieux connu du grand public et parmi les quatre classes de bateaux en lice (Ultim, Ocean Fifty, Imoca, Class 40), on retrouve plusieurs antillais.
Il y a les habitués comme les Guadeloupéens Thibaut Vauchel Camus, en Ocean Fifty et Damien Seguin, en Imoca, catégorie où figure aussi Clément Giraud qui a grandi dans les deux îles, et enfin en Class 40, un autre Guadeloupéen, le jeune Kéni Piperol, qui a terminé la dernière Route du Rhum, et un binôme 100% martiniquais, composé de Hervé Jean-Marie et Jean-Yves Aglaé, sur Martinique Tchalian, une première pour ces derniers. Cela prouve que la course au large commence à séduire aux Antilles, et ces courses transatlantiques y participent. Jean-Yves Aglaé en est persuadé.
On avait des arrivées jusque là en Guadeloupe et maintenant, il y en a aussi à Fort-de-France. On veut que la Martinique soit inscrite en tant que destination, mais aussi en tant qu'équipage.
Pour son comparse Hervé Jean-Marie, il faut pleinement s'engager dans ce type de projet pour montrer l'exemple.
Pour s'approprier l'événement, il faut qu'on y prenne part. On espère partager le plaisir qu'on aura eu pour générer des vocations ou des projets du même type.
Quelques exemples en Guadeloupe
En Guadeloupe, la Route du Rhum a déjà inspiré certains antillais, on peut citer Rodolphe Sépho, Willy Bissainte et des plus jeunes, comme Keni Piperol, 27 ans, qui après avoir terminé son premier "Rhum" l'an dernier, se lance sur la Jacques Vabre, en duo avec Thomas Jourdren. Pour le Guadeloupéen, montrer l'exemple est inspirant, lui-même avait été motivé par Claude Thélier lorsqu'il était enfant.
Moi je séchais les cours pour aller voir les arrivées ! J'essaye au maximum de sensibiliser les jeunes et de parler de ce que je fais pour, pourquoi pas, faire naître des vocations. Plus il y en a, mieux c'est. On est des îles entourées d'eau donc on trouve ça bizarre qu'il n'y ait pas beaucoup d'Antillais, il faut aussi casser les a-priori qu'on a sur le large dans les familles. On est des précurseurs, que ce soit moi ou le bateau martiniquais, et on espère montrer l'exemple.
D'autant que nos territoires sont aussi des atouts majeurs, qu'on soit Antillais ou non, comme le ressent le coéquipier de Kéni Piperol, Thomas Jourdren.
J'y suis allé l'an dernier en tant que préparateur de son bateau. Là il m'a proposé d'être en double, j'ai tout de suite accepté, c'est une super opportunité et un rêve qui se réalise et j'ai hâte d'arriver aux Antilles.
Il faut dire que l'univers géographique caribéen se prête parfaitement à la pratique maritime et pourrait être un avantage certain pour des jeunes ambitieux de se lancer vers le large. Clément Giraud, qui a grandi les premières années de sa vie en Martinique, puis le reste de son enfance et son adolescence en Guadeloupe, est convaincu qu'il est essentiel de s'intéresser à la mer.
C'est plus qu'essentiel. L'histoire maritime des îles est importante, il y a un terrain de jeu exceptionnel, j'ai coeur à croire que la jeunesse se tournera un peu plus vers le mer, même si c'est le cas, mais plus qu'aller à la plage, il faut faire du bateau.
Avec désormais la Route du Rhum et la Jacques Vabre, les Antilles françaises bénéficient de deux arrivées mythiques pour se tourner vers le large, et l'appel est de plus en plus difficile à ignorer, tout comme celui du retour pour Damien Seguin.
Cela montre qu'une transatlantique peut se faire de plein de manières différentes et le terrain de jeu est toujours en train d'évoluer. Que ce soit la Guadeloupe sur la Route du Rhum ou la Martinique sur la Jacques Vabre, ce sont des destinations exceptionnelles. Pour moi c'est toujours un grand plaisir, j'ai de la famille et plein d'amis là-bas et c'est toujours une belle fête à l'arrivée.