Un colloque à l'Assemblée Nationale pour briser le tabou sur l’inceste en Outre-Mer

Par 07/02/2025 - 10:57

Le Collectif des Femmes d'Outre-Mer et du Monde (C'FOMM) a organisé hier soir (jeudi 6 février) un colloque à l’Assemblée Nationale pour briser la question du tabou de l’inceste dans les territoires ultramarins.

    Un colloque à l'Assemblée Nationale pour briser le tabou sur l’inceste en Outre-Mer
Photo d'illustration

L'Assemblée nationale accueillait ce jeudi soir un colloque sur l'inceste en Outre-Mer. Organisé par le Collectif des Femmes d'Outre-Mer et du Monde (C'FOMM) et parrainé par le député de Guadeloupe Christian Baptiste, cet événement a vu échanger divers spécialistes, qu'ils soient militants associatifs, médecins, sociologues, artistes...

Mais a aussi permis de recueillir les témoignages de victimes pour briser un tabou sociétal, particulièrement prégnant en Outre-Mer, selon la présidente du C'FOMM Vanina Noël, convaincue que tout le monde se sent concerné par ce sujet.

Les personnes dans la salle ont été très touchées par ce sujet qui est une horreur. C'est très bien qu'on ait pu faire cette conférence pour essayer d'aider certaines personnes à libérer la parole et pour voir dans quelle mesure, avec les parlementaires, on peut essayer de faire évoluer les lois sur ce sujet-là. J'ai d'abord entendu dans mon parcours de maire-adjointe aux droits des femmes, des témoignages assez durs à entendre. Ce n'est pas possible de vivre ce genre d'horreur. Des femmes, qui aujourd'hui sont mamans et qui ont toujours ce traumatisme, ont du mal à avancer dans la vie parce qu'il n'y a pas eu de réparation, pas eu d'encadrement, pas eu de suivi, il n'y a rien eu. Et j'ai trouvé ça quand même assez effroyable. Et je me suis dit : « Il faut toucher, surtout dans des territoires où personne ne parle ».

Plusieurs députés ont participé à ce rendez-vous, notamment Max Mathiasin et Béatrice Bellay.

Pour le parrain de cette soirée, Christian Baptiste, ce genre d'événement doit servir à nourrir le travail parlementaire.

Une loi, lorsqu'elle est élaborée, il faut qu'il y ait la volonté politique, bien évidemment, des dirigeants d'une manière générale. Ça peut venir du gouvernement, de l'exécutif, ça peut venir du Parlement. Mais nous devons, effectivement, pour adopter une loi qui soit adaptée à nos réalités, faire appel à des spécialistes, à des témoignages, à ceux qui vivent la réalité. Et c'est là où ça devient compliqué, parce qu'il faut soulever des tabous, défoncer des portes qui sont vraiment « blindées ». C'est un travail de tous les jours en permanence. Il faut faire appel à des spécialistes, notamment des historiens, de pouvoir remonter dans le temps et de faire le cheminement et de comprendre. Pour prendre des décisions efficaces pour l'avenir, il faut déjà bien comprendre le présent en se basant sur des éléments du passé.

Vanina Noël regrette le manque de chiffres et d'études sur le sujet de l’inceste en Outre-Mer

C’est ça qui pose problème. Si on n'a pas de chiffres, on ne peut pas faire évoluer les choses. On ne peut pas aider, encadrer et espérer des financements, justement, pour pallier à ce fléau. Rien n'est fait sur nos territoires pour justement régler ce problème. C'est vraiment un tabou. Parce que ces enfants-là qui ont subi durant des années, ne peuvent pas parler, n'arrivent pas à parler. L'impact que ça a au niveau de la famille est considérable. Ce sont souvent des victimes qui pensent au-delà de la personne qui les ont agressées. À un moment donné, l'isolement, la peur, ça ne doit plus toujours être du côté des victimes, mais de l'autre côté.

 


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