"MaiMory Tour" : un circuit à Paris et en Île de France pour se souvenir

"C'était au départ le siège de campagne d'un candidat martiniquais à la députation...qui était meilleur musicien que politicien". Devant le Bal Blomet, ancien "Bal Nègre", situé dans le 15ème arrondissement de Paris, le chercheur en histoire Nysymb Lascony commence la visite guidée. Une visite qui, tout au long de la matinée, va mener le petit groupe du jour à la place Joséphine Baker, puis au Lycée Louis-le-Grand en passant par la sculpture en mémoire de l'esclavage du Jardin du Luxembourg, les librairies Présence Africaine et Le Thiers Mythe. Le programme de l'après-midi prévoit des arrêts à Grigny, à Sarcelles, devant des statues et des stèles.

Au détour des rues et avec un enthousiasme communicatif, Nysymb Lascony s'écarte du programme pour montrer une peinture urbaine d'Aimé Césaire, une plaque sur un immeuble qui rappelle le séjour de Cheikh Anta Diop, s'interroger sur la présence à l'extérieur de l'enceinte du Sénat du buste de Gaston Monnerville.

"Depuis un moment, il y a une réhabilitation de certaines figures occultées de l'Histoire, explique Nysymb Lascony. Je pense qu'il est nécessaire d'écumer les lieux pour s'imprégner du passé, ce qui permettra aux futures générations d'être moins complexées".

Un avis que partage Jessica Louemba-Dosso, présidente de l'association FAPE, qui ce jour-là conduit le minibus qui transporte les participants : "C'est très important et utile de savoir d'où l'on vient, de connaître notre histoire et notre culture, pour que les plus jeunes puissent avancer la tête haute et se dire oui nous sommes afro descendants et nous avons fait partie intégrante de l'histoire française".

C'est en suivant une visite du "Paris Noir" que les membres de l'association ont pris conscience de l'importance de faire "revivre cette Histoire".

Travail mémoriel auprès de la jeunesse

Ce mercredi, les étudiants qui suivaient la visite étaient convaincus et passionnés, beaucoup ne lâchant pas leurs carnets de note, questionnant et débattant au cours des étapes du parcours. "Pour un étudiant originaire d'Outre-mer qui va à Paris, c'est découvrir des lieux qui le concerne directement, que l'on peut fréquenter et que l'on ne connaît pas vraiment", apprécie Philippe, élève à Sciences Po Paris.

A côté de lui, Damien, étudiant à la Sorbonne, acquiesce. "Cela nous montre qu'il y a une part de notre identité dans la représentation nationale et aussi dans la société, cela peut contribuer au vivre-ensemble", ajoute-t-il. 

"Il y a un réel travail mémoriel à faire auprès de la jeunesse, ce n'est pas normal que l'on ne connaisse pas suffisamment nos sujets mémoriels, notre histoire et le but de cette journée c'est de la retracer pour pouvoir la transmettre, c'est très intéressant", analyse Nathan, étudiant à Assas.

Avant un renouvellement de l'expérience espéré l'an prochain, un deuxième "MaiMory Tour" doit se tenir ce samedi 27 mai. Un événement de plus à inscrire à l'agenda de ce mois mémoriel.