En Nouvelle-Calédonie, l'état d'urgence levé mardi matin, des renforts attendus

Par 27/05/2024 - 06:00

L’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie sera officiellement levé sur place à 5h du matin ce mardi 28 mai, alors que des renforts de gendarmerie son attendus et des réunions espérées.

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Photo gendarmerie nationale

L'état d'urgence sera levé mardi matin en Nouvelle-Calédonie, a annoncé l'Elysée, les tensions retombant progressivement après deux semaines d'émeutes à Nouméa et ses environs même si la situation reste difficile dans plusieurs quartiers.

La levée de ces mesures d'exception programmée lundi à 20h heure de Paris, mardi 5h à Nouméa, doit "permettre les réunions des différentes composantes du FLNKS (principale composante indépendantiste, ndlr) et les déplacements sur les barrages des élus ou responsables en mesure d'appeler à leur levée", a expliqué la présidence dans un communiqué.

Parallèlement, l'Elysée a annoncé l'envoi "dans les prochaines heures" de "sept unités de forces mobiles supplémentaires, soit 480 gendarmes mobiles". Au total, quelque 3.500 effectifs de forces de sécurité seront déployés sur l'archipel, où deux gendarmes sont morts durant les émeutes.

L'état d'urgence avait été instauré le 15 mai (heure de Paris, le 16 à Nouméa), après des violences qui ont continué et fait au total sept morts. Leur détonateur a été l'examen puis l'adoption à Paris d'une réforme prévoyant le dégel du corps électoral local, c'est-à-dire son élargissement aux personnes établies depuis au moins dix ans.

Les partisans de l'indépendance jugent que ce dégel risque de "minoriser" encore plus le peuple autochtone kanak.

La nuit de dimanche à lundi dans Nouméa et son agglomération a été relativement calme, même si des traces d'échauffourées étaient visibles dans le quartier de la Vallée-du-Tir, un bastion indépendantiste, a constaté une journaliste de l'AFP. Ailleurs, de nombreux barrages ont été déblayés, d'autres sont toujours en place mais sont désertés.

La route qui mène à l'aéroport international de Nouméa, très dégradée par endroits, reste notamment jonchée de carcasses de véhicules: conséquence, l'aéroport restera fermé aux vols commerciaux jusqu'au 2 juin au moins. Cela portera à près de trois semaines la fermeture de l'aéroport, décidée au lendemain des émeutes.

Français et touristes étrangers coincés sur l'archipel devraient continuer à être évacués depuis l'aérodrome de Magenta via des vols militaires affrétés par la France, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande. Lundi, ce sont les Polynésiens coincés en Nouvelle-Calédonie depuis deux semaines qui devraient pouvoir rentrer chez eux.

Référendum 

En déplacement à Berlin dimanche, Emmanuel Macron a par ailleurs nuancé ses propos publiés la veille, dans un entretien au journal Le Parisien, sur la possibilité d'organiser un référendum national sur le dégel du corps électoral.

Cette possibilité relève d'une simple "lecture de la Constitution" et n'est "pas une intention", a-t-il assuré. Le chef de l'Etat, qui s'est déplacé jeudi en Nouvelle-Calédonie, veut donner priorité à un "accord global" entre élus calédoniens loyalistes et indépendantistes sur ce dégel et l'avenir du territoire.

Sur le terrain, satisfaction pour les autorités locales, les routes d'accès au Médipôle, le centre hospitalier situé dans la banlieue de Nouméa, sont désormais sécurisées, ce qui devrait permettre une meilleure prise en charge des malades. 

Ailleurs dans Nouméa, la situation est globalement calme, mais sous une surveillance étroite des forces de l'ordre.

Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) a admis samedi dans un communiqué qu'"aujourd'hui, l'objectif principal du mouvement indépendantiste est d'apaiser les tensions et de trouver des solutions durables pour notre pays".

Les indépendantistes réclament toujours le retrait de la réforme constitutionnelle, qui a provoqué les pires violences en 40 ans et réveillé le spectre des "Evénements" qui, de 1984 à 1988, avaient fait près de 80 morts et craindre la plongée de la Nouvelle-Calédonie dans la guerre civile.

Le président de la République, lors de son passage sur l'île jeudi, a donné jusqu'à fin juin aux élus et responsables politiques de l'archipel, aidés par une "mission de médiation" de trois hauts fonctionnaires, pour trouver "un accord global" qui "puisse être soumis au vote des Calédoniens".

Le bilan des violences est passé vendredi à sept morts, le septième étant un homme de 48 ans tué par un policier. Ce dernier, qui n'était pas en service, a été mis en examen dimanche pour coups mortels aggravés par l'usage d'une arme et placé sous contrôle judiciaire.

Il a reconnu lors de sa garde à vue "avoir tiré un seul coup de feu, dans un geste réflexe pour se défendre", dans un "contexte de forte hostilité" à son endroit et envers un collègue alors qu'ils se dirigeaient vers le Médipôle et que leur véhicule a été caillassé par un "groupe de 40 à 50 personnes", selon le parquet de Nouméa.


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