Dunkerque : une "Nuit des Noirs" controversée jusqu'au bout
Autorisée par le tribunal administratif de Lille, la soirée s'est déroulée samedi soir au Palais des Congrès de la ville. Des opposants avaient fait le déplacement pour dénoncer la tenue de l'évènement.
La préfecture avait d'abord proposé aux manifestants le parvis des droits de l'Homme de la ville, situé à environ un kilomètre du Kursaal, la salle où se déroulait la "Nuit des Noirs" ce samedi. Mais la quinzaine de manifestants du CRAN et de la Brigade Anti-Négrophobie ne l'ont pas entendu ainsi et ont voulu s'approcher au plus près du lieu de la soirée. Un fort dispositif policier a été mis en place pour tenter d'éviter toute confrontation mais l'ambiance a malgré tout été tendue.
Provocations, insultes, jets de farine, d'urine même sur les militants qui ont voulu immédiatement porter plainte...un dialogue pacifié a été impossible à établir entre manifestants et carnavaleux, tout autant que la conscientisation voulue par certains. "Nous, notre objectif était de montrer aux blancs qui se griment en noirs, que même s'ils ont de bonnes intentions et on n'est pas là pour le contester car on ne les connaît pas, ils ne peuvent pas se départir du Blackface qui véhicule un racisme insidieux, une négrophobie imposée par l'Histoire", expliquait Franco Lolia, porte-parole de la brigade anti-négrophobie.
Mais pour les participants au bal, qui marquait le 50ème anniversaire du groupe des Noirs, incontournable du carnaval dunkerquois, ces accusations ne sont pas fondées. "C'est complètement débile, le carnaval c'est notre culture et il n'y a pas de racisme", s'indignait Christian, dans son clet'che tout comme sa femme Sandrine : "C'est un déguisement, rien de plus, l'esprit du carnaval n'est pas du tout raciste !"
En février dernier, le maire de Dunkerque Patrice Vergriete, avait invoqué le «droit à la caricature» pour soutenir la soirée.
Le CRAN a annoncé que le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU avait été saisi sur cette question de la "Nuit des Noirs". Tout comme cela avait été le cas pour le fameux "Zwarte Piet" des Pays-Bas il y a quelques années.