Covid-19 : l'université d'Oxford en Grande-Bretagne lance des essais sur un vaccin

Par 23/04/2020 - 08:40

Des essais cliniques sur un vaccin contre le SRAS-CoV-2 débutent ce jeudi au Royaume-Uni.

    Covid-19 : l'université d'Oxford en Grande-Bretagne lance des essais sur un vaccin

L'université d'Oxford doit lancer jeudi des essais cliniques sur l'homme pour un vaccin contre le nouveau coronavirus, affichant l'espoir très ambitieux de pouvoir le rendre disponible pour le public dès l'automne.

Parmi la centaine de travaux de recherches dans le monde pour trouver un vaccin - seule voie possible selon l'ONU pour un retour à la "normalité" -, sept en sont pour l'heure au stade des essais cliniques sur l'homme, selon la London School of Hygiene and Tropical Medicine. De tels essais ont déjà commencé en Chine et aux Etats-Unis et doivent débuter à la fin du mois en Allemagne, où l'autorité fédérale chargée des vaccins a donné mercredi son feu vert.

Les travaux de l'université d'Oxford sont fortement soutenus par le gouvernement britannique, dont le ministre de la Santé Matt Hancock a annoncé mardi le début des essais sur l'homme ce jeudi. Devant une Chambre des communes réunie en partie par vidéo mercredi, il a salué un "développement prometteur", soulignant qu'il faudrait en temps normal "des années" avant d'arriver à un tel stade de recherche.

Dans sa première phase, l'essai mené par le Jenner Institute de l'université d'Oxford, destiné à évaluer la sécurité et l'efficacité du vaccin, concernera jusqu'à 1.112 volontaires. 551 recevront une dose du potentiel vaccin contre le Covid-19, l'autre moitié un vaccin témoin. Dix participants recevront deux doses du vaccin expérimental, espacées de quatre semaines.

Estimant à 80% les chances de réussite, l'équipe du professeur Sarah Gilbert prévoit, parallèlement aux recherches, de produire un million de doses disponibles d'ici au mois de septembre, afin de le rendre largement disponible dès l'automne en cas de succès.

Mais les équipes qui mènent ces recherches précisent sur le site qui leur est consacré que ce calendrier est "hautement ambitieux" et pourrait changer.

Le directeur des services sanitaires britanniques Chris Whitty a reconnu mercredi que la probabilité d'obtenir un vaccin ou un traitement efficace "dans l'année qui vient est incroyablement faible". En attendant, a-t-il averti, "je pense que nous devons être réalistes à ce sujet - nous devrons compter sur d'autres mesures, sociales, qui sont bien sûr très perturbatrices".

Pari risqué

Selon Nicola Stonehouse, professeure de virologie moléculaire à l'université de Leeds, la stratégie choisie de ne pas attendre chaque étape avant de lancer la production est un "pari" d'un point de vue financier. Mais un pari nécessaire "dans la situation actuelle", explique-t-elle à l'AFP.

Le vaccin que développent les chercheurs d'Oxford est basé sur un adénovirus modifié touchant les chimpanzés. Il permet de "générer une forte réponse immunitaire avec une seule dose et il ne s'agit pas d'un virus qui se réplique", si bien qu'il "ne peut pas causer d'infection continue chez l'individu vacciné". Cela le rend "plus sûr pour les enfants, les personnes âgées" et les patients qui auraient des maladies sous-jacentes comme le diabète.

Sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise, le gouvernement britannique a mis sur pied en fin de semaine dernière une "task force" pour coordonner les efforts dans la recherche et être en mesure de produire en masse un vaccin dès qu'il sera disponible, d'où qu'il vienne. 

Il soutient également les recherches menées par l'Imperial College de Londres, qui espère entamer ses essais cliniques en juin. Leurs recherches portent sur un vaccin, au principe différent.

Trouver un vaccin est la seule voie possible pour un retour à la "normalité" dans le monde, a prévenu la semaine dernière le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, appelant dans ce domaine à accélérer les projets en développement.

Lundi, l'ONU a adopté une résolution pour appeler à un accès "équitable, efficace et rapide" à un éventuel vaccin.

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