Paris : des rapatriés de Saint-Martin toujours à l'hôtel
Deux mois et demi après leur arrivée dans la capitale, des hommes et des jeunes majeurs se trouvent toujours dans un hôtel de région parisienne et perdent peu à peu espoir.
Ce mercredi soir, le hall de l'hôtel, situé à quelques pas des puces de Saint-Ouen et en face du périphérique, est rempli de touristes, heureux de visiter Paris. Mais au milieu de ces clients de passage, on aperçoit soudain des visages plus graves, des regards un peu perdus. Ils sont une dizaine de ces rapatriés "oubliés" de Saint-Martin, arrivés dans l'Hexagone après le passage de l'ouragan Irma. Sans proches avec eux, ils n'ont pas pu être hébergés dans le domaine de l'Oise où une quarantaine de familles ont été emmenées. Ils n'ont pas non plus reçu de propositions de logements en province et ont encore moins la force, ou l'envie, de sortir du dispositif d'accompagnement pour se débrouiller seuls.
Leurs situations sont très différentes. Certains n'ont pas la nationalité française, d'autres ne parlent pas français, mais tous ont le sentiment d'être abandonnés. "Toute la journée, je ne fais rien, je suis dans ma chambre et je regarde la télévision", soupire Pierre-Louis, qui devait passer son bac pro en fin d'année et se retrouve au final dans son 3ème hôtel en deux mois et demi. "Depuis que je suis venu, ils ont pris mes informations, ils me disent savoir quoi faire mais chaque semaine c'est le même discours et rien ne bouge", se désespère-t-il, perdu dans des démarches qu'il tente malgré tout de faire seul, ou accompagné d'autres jeunes qui cherchent des formations.
"On ne sait pas pourquoi cela prend autant de temps pour trouver un logement ! On ne nous donne pas de nouvelles, il n'y aucune information donc on finit par ne plus avoir confiance, on en a marre d'attendre", confirme un de ses camarades.
Chaque lundi, ils ont pourtant la visite d'un salarié de l'organisme France Horizon, chargé par l'Etat de gérer l'accueil et l'insertion des rapatriés. "Mais à part nous donner un peu d'argent, il ne fait rien", s'agace un autre Saint-Martinois qui voudrait qu'on lui trouve un travail en priorité.
La question de retourner à Saint-Martin, car finalement leur vie à Paris n'est pas ce qu'ils avaient envisagé, certains se la posent. D'autant plus qu'il leur a été dit qu'au 1er janvier 2018, ils pourraient bien avoir à se débrouiller seuls. "Ça me brise le coeur, je me demande ce que l'on pourrait faire pour eux mais il n'y a pas de solution...on ne sait pas ce qu'il se passe, ça n'avance pas", s'émeut Themson, un membre bénévole du collectif Dans l'Action Pour Saint-Martin, qui s'est rapidement monté pour agir après Irma.
Alors le jeune homme répond patiemment à leurs nombreuses questions, tente de rassurer sans cacher la dure réalité. Un soutien devenu indispensable pour ces rapatriés qui n'imaginaient pas se retrouver dans une telle situation en quittant leur île.