Emmanuel Macron va se rendre à Mayotte dévasté et annonce un deuil national

Par 16/12/2024 - 16:34 • Mis à jour le 16/12/2024 - 16:41

Alors que les ministres démissionnaires de l'Intérieur et des Outre-mer Bruno Retailleau et François-Noël Buffet sont déjà sur place, le président de la République, qui évoque une « tragédie », se rendra sur place dans les prochains jours.

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Cyclone Chido Mayotte

Le président français Emmanuel Macron a annoncé lundi soir qu'il se rendrait dans l'archipel de Mayotte « dans les prochains jours » en soutien aux personnes frappées par le passage dévastateur et meurtrier du cyclone Chido et qu'un deuil national serait décrété face à cette « tragédie ».

« Il s'agit de faire face aux urgences et de commencer à préparer l'avenir », a déclaré le président sur X après une réunion gouvernementale de crise.

« Face à cette tragédie qui bouleverse chacun de nous, je décréterai un deuil national », a-t-il ajouté.

Bidonvilles détruits, population exsangue, télécommunications coupées: le passage meurtrier du cyclone a laissé place à la sidération et aux scènes de désolation dans le territoire français de Mayotte, situé dans l'océan Indien, où tout manque et où les secours s'organisent pour retrouver des survivants dans les décombres.

Des « centaines » de morts voire « quelques milliers »

Pour l'heure, les autorités dénombrent officiellement 21 morts à l'hôpital et le préfet local a mis sur pied une « mission de recherche des morts ».

Mais les autorités françaises redoutent « plusieurs centaines » de morts, peut-être même « quelques milliers » dans ce territoire et département le plus pauvre de France.

Chido est le cyclone le plus destructeur à Mayotte depuis 90 ans.

Avec les pénuries d'eau qui s'annoncent dans ce territoire, dont certaines zones restent inaccessibles, « les pillages, c'est ce que tout le monde craint, surtout les gens dont les maisons sont éventrées », a confié à l'AFP 48 heures après le passage du cyclone, Tanya Sam Ming, habitante de la périphérie de Mamoudzou, chef-lieu du département.

Les ministres démissionnaires français de l'Intérieur et des Outre-mer Bruno Retailleau et François-Noël Buffet, ainsi que leur collègue mahorais Thani Mohamed Soilihi (Francophonie) se sont rendus lundi à Mayotte.

« Le bilan, il va falloir des jours et des jours pour en avoir un », a averti Bruno Retailleau.

Le décompte est compliqué par le fait que Mayotte est une terre de forte tradition musulmane et que, selon les rites de l'islam, de nombreux défunts ont vraisemblablement été enterrés dans les 24 heures suivant leur décès.

« Bidonvilles couchés »

« Tous les bidonvilles sont couchés, ce qui laisse augurer un nombre considérable de victimes », a commenté auprès de l'AFP une source proche des autorités.

Mayotte compte officiellement 320.000 habitants, « mais on estime qu'il y a 100.000 à 200.000 personnes de plus, compte tenu de l'immigration illégale », a ajouté cette source, qui estime que peu d'habitants en situation irrégulière - originaires notamment de l'archipel voisin des Comores - ont rejoint les centres d'hébergement avant le passage du cyclone, « sans doute de peur d'être contrôlés ».

Mayotte est séparée de seulement 70 kilomètres de l'archipel des Comores. Au moment de la proclamation de l'indépendance des Comores, Mayotte avait choisi de rester en France par deux référendums en 1974 et 1976. La pauvreté pousse tous les jours des Comoriens à tenter de gagner Mayotte par la mer et au péril de leur vie à bord de pirogues très précaires.

Devant les députés français, le ministre démissionnaire de l'Economie Antoine Armand s'est engagé à présenter des mesures « pour assurer la continuité de l'Etat et venir en aide le plus vite possible » aux Mahorais.

« Le secteur des télécoms est lourdement impacté par la tempête », avec une grande partie de l'archipel sans réseau pourtant « prioritaire pour permettre la sécurité et la reprise économique », a déploré le ministre démissionnaire de l'Industrie, Marc Ferracci.

Chido a foncé « droit dessus »

Avec des rafales de vent à plus de 220 km/h, le cyclone a ravagé samedi le territoire où environ un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire, totalement détruit.

Chido a probablement été favorisé par des eaux de surface proches de 30°C, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique déjà observé ailleurs cet automne. L'impact a surtout été exceptionnel à Mayotte parce que le cyclone lui « fonçait droit dessus », explique le spécialiste du phénomène chez Météo-France, Sébastien Langlade.

Résultat, « on est complètement coupé du monde », témoigne Antoy Abdallah, un habitant de Tsoundzou. « On commence à manquer d'eau. Dans le sud, il n'y a plus d'eau courante depuis cinq jours », se désole l'homme de 34 ans.

La situation du système de soins est « très dégradée » avec un hôpital « très endommagé » et des centres médicaux « inopérants », a de son côté déclaré la ministre démissionnaire de la Santé, Geneviève Darrieussecq.

Un pont aérien et maritime est déployé depuis l'île de La Réunion, territoire français distant de 1.400 km, pour acheminer matériel et personnels médicaux.

20 tonnes de matériel

Selon la Croix-Rouge française, 20 tonnes de matériel sont également en cours d'acheminement.

Les secouristes s'attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles très peuplés, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou.

Selon Florent Vallée, de la Croix-Rouge française, « des familles entières » et « beaucoup d'enfants mineurs seuls » et « délaissés » vivent dans les bangas, ces petites maisons traditionnelles désormais détruites.

L'Union des Comores a décrété une semaine de deuil national, alors que près de la moitié de la population officielle du territoire français en est originaire. Une minute de silence a été observée à l'Assemblée nationale et au Parlement européen.


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