Doit-on craindre le retour du phénomène climatique El Niño ?
Le courant climatique originaire du Pacifique Sud est en cours de réactivation. Ses conséquences sont diverses et globales mais pas forcément mauvaises pour les Antilles.
Vague de chaleur, canicule, sécheresse historique. Les années 2023 et 2024 pourraient être pire que 2022 notamment pour les pays de l'hémisphère nord. C’est ce que craint l’OMM, l’Organisation météorologique mondiale, qui a publié mercredi (3 mai) son dernier bulletin.
"Ce que craignent les météorologues et les scientifiques, c'est que, comme on voit que ce phénomène est en train de se mettre en place actuellement et qu'il devrait se prolonger, avoir son pic en octobre, novembre et que ça va coïncider avec les chaleurs de l'hémisphère Nord", précise Jean-Noël Degrace, météorologue.
"Les scientifiques sont inquiets parce qu'en général, avec un phénomène El Niño, la température autour du globe est grosso modo 0,2, 0,3, 0,4 degrés plus chaude que la normale et vient s'ajouter bien sûr le changement climatique", ajoute-t-il.
L'OMM révèle qu’il est "très probable" qu’un épisode El Niño commence au début du deuxième semestre 2023 et qu’il se poursuive tout au long des six mois.
Ce phénomène, que l’on connait bien aux Antilles, consiste en un réchauffement d’une partie de l’océan Pacifique équatorial, se traduit le plus souvent par une élévation des températures mondiales et augmente le risque d’événements climatiques extrêmes dans de nombreuses régions.
El Niño aux Antilles
Avec ses conséquences globales, le phénomène a forcément un impact sur notre région. Un impact plutôt positif si l'on considère la période cyclonique.
On est assez content d'avoir un phénomène El Niño pendant la saison cyclonique, parce qu'un phénomène El Niño, ça veut dire une activité cyclonique réduite. C'est en général ce qui se passe quand on a ce phénomène dans le Pacifique, parce que ça a des conséquences sur l'organisation des vents, sur l'humidité de la masse d'air, sur le positionnement des centres d'action et donc, en général, l'activité cyclonique est réduite
La survenue du phénomène a d'ailleurs poussé les météorologues de l'université du Colorado à envisager une saison cyclonique moins intense que la moyenne.
En revanche, les fortes chaleurs ressenties depuis plusieurs jours aux Antilles s'expliquent par un autre phénomène plus localisé. Le décryptage de Jean-Noël Degrace :
On n'est pas encore vraiment sur le phénomène El Niño lui même dans le Pacifique. Par contre, on a des conditions sur l'Atlantique qui font que la température de l'océan est un petit peu plus chaude que d'habitude. Et puis, les conditions de vent sont moins importantes. On n'a pas cet alizée soutenue qui vient rafraîchir et on a une masse d'air assez sec qui laisse bien passer les rayons du soleil. Et donc, c'est pour ça que depuis quelques jours, on a ces températures qui dépassent les 32, voire 33 degrés, notamment sur les sites où on est à l'abri du vent
Une situation quoi doit perdurer au moins jusqu'à la fin de la semaine.