Cyclone : fin du partage d’images satellites américaines, « un impact à relativiser » selon Météo-France
Dans quinze jours, les Etats-Unis mettront fin au partage d’images satellites mesurant l’intensité des cyclones, les images dites « micro-ondes ». Selon Emmanuel Cloppet, le directeur interrégional Antilles-Guyane de Météo-France, il faut en relativiser l’impact.
La date approche à grands pas.
Dans deux semaines, à compter du 31 juillet 2025, les Etats-Unis mettront fin au partage d’une partie de leurs images satellites, les images dites « micro-ondes ».
L’information a aussitôt généré des questionnements sur le suivi des phénomènes cycloniques circulant au-dessus de l’océan Atlantique et de la mer des Caraïbes.
« Les satellites ont un intérêt majeur »
Le directeur interrégional Antilles-Guyane de Météo-France, Emmanuel Cloppet, était l’invité du journal de 13 heures de RCI Martinique.
Il a évoqué l’importance des satellites pour les prévisions cycloniques.
Les satellites ont un intérêt majeur pour le suivi et les prévisions des phénomènes cycloniques. Ça nous permet d’observer la position et la structure des phénomènes et d’alimenter nos modèles de prévision pour savoir, dans les jours à venir, comment ils vont évoluer. Et nous avons la chance, dans la région, de pouvoir bénéficier de nombreux satellites qui vont nous permettre en particulier d’assurer cette veille cyclonique.
« La veille cyclonique pleinement assurée »
Emmanuel Cloppet reconnaît que l’annonce de l’arrêt de la diffusion des données issues de trois satellites militaires américains a généré de l’inquiétude dans la région, mais selon lui, il convient de relativiser l’impact.
La veille cyclonique restera cette année pleinement assurée, de jour comme de nuit, sur le bassin Atlantique. Plus on a de satellites qui se complètent mutuellement et mieux c’est. Trois satellites provisoirement indisponibles, ce n’est pas une bonne nouvelle, mais néanmoins, encore une fois, bien d’autres sources de données restent disponibles. On a d’autres types de satellites, qu’on appelle géostationnaires, qui eux sont à plus haute altitude et observent toujours la même zone, en continue avec des images très fréquentes. Et lorsqu’un phénomène cyclonique approche de nos îles, on a également des radars, qui nous permettent d’observer avec encore plus de précision où se situe le centre du phénomène cyclonique et les zones de fortes pluies.
1 % des données
Emmanuel Cloppet précise également que les trois satellites concernés par cette annonce sont en fin de vie.
Ils présentaient des failles de sécurité informatiques. Rien ne permet de penser qu’il y ait d’autres raisons derrière l’arrêt de ces données que l’obsolescence de ces satellites. En tous les cas aucune annonce n’a été faite sur un arrêt généralisé du partage des données satellites. Et dans le même temps, il y a des satellites de nouvelle génération qui viennent d’être lancés ou qui vont l’être, dont les données devraient être partagées. Donc c’est vraiment de manière provisoire qu’on a moins de données sur l’Atlantique.
Le directeur interrégional Antilles-Guyane de Météo-France précise les données des trois satellites concernés représentent 1% de celles qui entrent dans les modèles de prévisions.
Donc il faut relativiser l’impact que ça aura sur la qualité des prévisions sur cette année 2025.
Les prévisions annoncées maintenues
Emmanuel Cloppet constate que cette saison cyclonique est moins précoce que les deux précédentes.
Elle démarre plus tardivement. Ce n’est pas exceptionnel en tant que tel. Ce sont plutôt 2023 et 2024 qui avaient été très précoces avec la tempête Bret en 2023 et l’ouragan Beryl l’année dernière, fin juin-début juillet. Ce qu’on peut voir, c’est que les conditions étaient défavorables au cours des dernières semaines et progressivement, ça va devenir beaucoup plus favorables à la formation de phénomènes cycloniques sur l’Atlantique. Donc, on maintient les prévisions annoncées fin juillet. Météo France avait communiqué sur 16 phénomènes cycloniques, entre 12 et 20, et entre 5 et 11 ouragans. On reste sur ces prévisions qui correspondent globalement à ce qu’on observe depuis une vingtaine d’années dans le bassin. C’est-à-dire un nombre conséquent de phénomènes cycloniques. Même s’il ne s’est pas passé grand-chose depuis juin et qu’on n’attend pas grand-chose dans les 10 prochains jours, il est très probable qu’au mois d’août et encore plus en septembre, on ait des conditions très favorables à un cœur de saison actif. Donc la vigilance reste de mise. On n’est pas encore entré dans la période la plus à risques cette année.








