[Vidéo] L'Assemblée nationale adopte un texte contre la « discrimination capillaire »

Par 28/03/2024 - 07:48 • Mis à jour le 28/03/2024 - 09:13

C'est sous les applaudissements, peu nombreux mais audibles, que le texte de loi porté par le député Guadeloupéen Olivier Serva a été adopté en première lecture ce jeudi (28 mars).

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L'Assemblée nationale a voté jeudi en première lecture une proposition de loi visant à sanctionner la "discrimination capillaire", notamment au travail, malgré des réserves sur l'utilité de cette initiative.

Le texte du député guadeloupéen Olivier Serva (groupe indépendant Liot) a été adopté par 44 voix contre deux. Il vise notamment à empêcher des employeurs de contraindre leurs salariés à lisser leurs cheveux pour dissimuler leurs coupes afro, ou à cacher leurs tresses et dreadlocks.*

Le texte avait été validé il y a 8 jours par la commission des lois de l'Assemblée, ouvrant sa présentation dans l'hémicycle.

Les personnes racisées plus concernées

En France, la discrimination reposant sur l'apparence physique est déjà punie en théorie", a convenu le député Serva. "Mais de la théorie à la réalité il y a un gouffre", a-t-il souligné, en plaidant pour "clarifier" une "loi mal comprise ou mal appréhendée".

Olivier Serva a évoqué "les femmes noires qui se sentent obligées de se lisser les cheveux" avant un entretien d'embauche, "les personnes rousses, victimes de nombreux préjugés négatifs", ou les "hommes chauves".

Le gouvernement a porté un "regard bienveillant" sur le texte, s'en remettant à "la sagesse" des députés . Il a "le mérite de mettre en lumière ce type de discriminations", même si la loi permet "déjà de lutter" contre elles, a relevé la ministre à l'égalité femmes-hommes Aurore Bergé.

"Femme noire originaire de la République de Guinée", "je suis ici avec mes tresses, mes perruques", a décrit la députée macroniste Fanta Berete. "Quand je postulais à certains emplois, on m'a signifié que je devais me lisser mes cheveux", a-t-elle témoigné.

Le texte est inspiré de législations en vigueur dans plusieurs Etats des Etats-Unis, notamment du "Crown Act" promulgué en 2019 en Californie contre la discrimination capillaire.

La gauche a soutenu ce texte. C'est un problème "réel, sérieux et politique", qui "touche principalement les femmes" et les "personnes racisées", a souligné l'Insoumise Danièle Obono, dénonçant tout comme l'écologiste Sabrina Sebaihi un "racisme systémique".

Ce dernier terme a hérissé la droite. Dans le tumulte, le LR Xavier Breton a dénoncé une "idéologie militante", des "propos qui ne visent qu'à fracturer notre société".

Il a combattu la proposition de loi, "du droit bavard", "une fuite en avant" vers une "liste de discriminations" au risque d'établir "une hiérarchie".

A l'extrême droite, le RN Philippe Schreck a appelé à ne "pas moquer ou railler" cette proposition de loi, mais s'est interrogé. "Est-ce que nous nous occupons des problèmes quotidiens des Français", dans un pays "quasi en faillite" ? "Il serait bon rapidement de passer à autre chose", a-t-il réclamé.

Le texte doit désormais continuer son parcours législatif au Sénat où il pourrait faire face à une plus forte opposition que dans les través du Palais Bourbon.

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