Statue de Colbert vandalisée : la décision de la cour d'appel sera rendue le 5 mai

Par 05/02/2025 - 18:41 • Mis à jour le 06/02/2025 - 07:13

Le procès en appel du militant antillais Franco Lollia avait lieu devant la cour d'appel de Paris ce mercredi (5 février). En juin 2020, ce porte-parole de la Brigade anti-négrophobie avait aspergé de peinture rouge la statue de Colbert, érigée devant l'Assemblée nationale.

    Statue de Colbert vandalisée : la décision de la cour d'appel sera rendue le 5 mai
Franco Lollia et deux de ses avocats. Photo Nicolas Ledain

En plus du jet de peinture, Franco Lollia avait inscrit « Négrophobie d'État » sur le socle pour dénoncer l'honneur fait à celui qui avait rédigé le Code Noir.

Condamné en première instance à 500 euros d'amende et un peu plus de 1000 euros de dédommagement, ce dernier veut aller au bout de ses idées avec cet appel.

Combat idéologique

C'est aussi un combat idéologique autour de la négrophobie qui se joue dans ce procès. Condamné en première instance pour l'acte commis ce 28 juin 2020, Franco Lollia assume cette revanche symbolique qui met, selon lui, la justice et l'État face à ces contradictions.

Le langage que parle cette justice française ne me parle pas puisqu'il me traite de non-humain. Et quand il met la statue de Colbert devant l'Assemblée nationale, il confirme cette position de non-humain. Plutôt que de pointer du doigt leur crime contre l'humanité, ils nous pointent comme les criminels

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Pour porter ces arguments, quelques grands noms des avocats antillais accompagnent le militant, Guy Florentin du Barreau de Paris, Georges-Emmanuel Germany de Martinique et Evita Chevry de Guadeloupe.

Il y avait une raison valable et profonde. Colbert, c'est le père du monstre, le code noir, qui dit que l'esclave est un meuble. La glorification qui est faite devant l'Assemblée nationale... C'est quand même l'expression de la démocratie de peuple ! Et en même temps, dire que c'est un crime contre l'humanité. Il faut trancher

Des témoins de poids

Un "en même temps" qui n'est toujours pas dissipé, comme le déplore l'universitaire et militante Françoise Vergès, venue témoigner à ce procès.

Colbert est toujours là. Même, il y a eu une demande pour que le nom de la salle Colbert soit changé et rien ne s'est passé. Donc on voit quand même une volonté absolument de ne pas d'avancer, de rester vraiment accroché à des trucs d'une image de la France, mais c'est quelle image ?

D'autres témoins de poids appuient le geste de Franco Lollia comme Mireille Fanon-Mendès France, militante et présidente de la Fondation Frantz Fanon.

C'est un geste symbolique, politique, je dirais même courageux. Il y a d'abord un racisme institutionnel, qui se traduit ensuite par de la négrophobie. On le voit dans les violences policières, la marginalisation, l'exclusion des personnes noires dans le travail. Il y a bien un véritable racisme institutionnel et ça, il est temps que ça s'arrête

Est-il légitime de dégrader un personnage, certes historique, mais symbole de la négrophobie esclavagiste ? C'est la question sur laquelle la justice doit à nouveau trancher. L'avocate générale ne s'est pas opposée à un allégement de la peine initiale, même si les avocats de Franco Lollia n'espèrent que la relaxe.

La décision a été mise en délibérée au 5 mai prochain.

Cour d'appel de Paris

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