Après un an sous la mer, 700 bouteilles de rhum refont surface à Saint-Malo

Par 12/06/2024 - 14:05 • Mis à jour le 12/06/2024 - 15:07

Après avoir été immergées pendant un an en baie de Saint-Malo, 700 bouteilles de rhum vieux des Antilles ont été remontées, dimanche 2 juin. Il s’agit d’étudier les effets du vieillissement dynamique provoqué par les marées sur le rhum.

    Après un an sous la mer, 700 bouteilles de rhum refont surface à Saint-Malo
Crédit photo armateurs de rhum

Saint-Malo et le rhum, c'est une très vieille histoire. Direction la cité corsaire de Bretagne avec Aline Druelle pour une expérience pas comme les autres.

Nous vous en avions déjà parlé en février dernier. Un groupe de passionnés a décidé d'immerger, après du vin, du rhum vieux des Antilles pour étudier comment il vieillissait en mer. Après 600 bouteilles l'an dernier, 700 ont été remontées.

Un an de travail sous l’eau

Rendez-vous dans le quartier de Saint-Servant. La tour solidor voit à ses pieds, sur la cale qui porte le même nom, une agitation peu ordinaire en ce dimanche venteux et ensoleillée du mois de juin.

Un petit attroupement se fait autour d'un palox, une grande caisse. Elle vient d 'être sortie de la baie. Il faut dévisser avec précaution pour l'ouvrir avant qu'un vrai trésor se révèle à l'intérieur.

La palette contient plusieurs centaines de bouteilles de rhum et un peu de vin pétillant.

Mathurin Heude, fondateur de l'entreprise Armateur de rhum et président de l'association Immersion en baie de Saint-Malo à la suite de son père Yannick Heude, a le sourire.

Très heureux de voir. C'est un an de travail sous l'eau. On n’intervient pas à ce moment-là, mais il y a eu un travail quand même de l'humain pendant trois ou quatre ans sous les tropiques, après un an dans notre chai de vieillissement à Saint-Malo avec les Armateurs de rhum et puis maintenant un an sous l'eau où on laisse les éléments aussi travailler à leur manière.

Etudier le vieillissement

C'est tout un écosystème qui a été recréé à l'intérieur de la bouteille pour permettre d'étudier ce vieillissement, cette mise en dynamique. Et quoi de mieux qu'un des plus forts marnages d'Europe pour mener ce qui, au-delà d'une affaire de goût, est aussi un projet de recherche.

L’idée, travailler dans une cave qu’est la mer, avec une température constante, une pression, une hydrométrie, etc. Des paramètres très stables donc très intéressant pour le vieillissement.

La mer serait-elle la cave idéale ? C’est la question qu’a posé Aline Druelle à Catherine Heude, ancienne sommelière et caviste à Saint-Malo. Elle a pu avec son mari, tester pendant plus de 20 ans l’effet d’un vieillissement maritime sur des vins et des effets, il y en a.

Sur les rouges, on a tendance à les assouplir. Le vin blanc, on garde une très belle fraîcheur. Et la très grande réussite, c’est les bulles, tous les effervescents. On a des pressions et ça fait que quand la bouteille ressort, la bulle est toujours très affinée. Elle est un peu éclatée, on explose un peu la bulle et ça donne toujours des flacons avec une bulle très fine.

Un rhum un peu plus rond

Catherine Heude a goûté la cuvée de l’an dernier du rhum immergé.

Ça donne quelque chose d’une peu plus rond. L’aromatique du rhum est toujours très présente, on a toujours bien la canne à sucre.

De la rondeur, plus de texture et d’onctuosité et une étonnante pointe salée selon les gouteurs. Les comparaisons vont pouvoir se poursuivre avec désormais deux cuvées sorties de l’eau et une qui a été immergée par les pêcheurs à une quinzaine mètres de profondeur.

Les bouteilles de rhum émergées seront rapidement mises en vente, les amateurs ont déjà passé commande. Une partie des bénéfices sera reversé à la Société nationale de sauvetage en mer.

A ECOUTER Le reportage complet d’Aline Druelle


Tags