Stupeur et colère après la fusillade qui a fait trois morts à Fort-de-France

Par 11/05/2025 - 13:43 • Mis à jour le 12/05/2025 - 05:45

La Martinique est sous le choc après que trois hommes ont été abattus ce dimanche matin (11 mai), en plein centre-ville de Fort-de-France. Depuis le début de l’année, 12 meurtres ont déjà été commis dans l'île. Une réunion d'urgence doit se tenir demain lundi.

     Stupeur et colère après la fusillade qui a fait trois morts à Fort-de-France
@Rodolphe Lamy et Karl Lorand

Une fusillade a fait trois morts en plein centre-ville de Fort-de-France ce dimanche (11 mai). Ils ont été visiblement criblés de balles. Le ou leurs agresseurs ne leur ont laissé aucune chance. 

Les faits se sont produits vers 7h15, à une heure où certains faisaient leur sport sur la Savane, d’autres pêchaient, où se baignaient plage de la Française.

De l’aveu de tous, des explosions assourdissantes ont été entendues dans tout le centre-ville. Du jamais vu pour certains.

Et le bilan est très lourd : trois hommes d’une trentaine d’années abattus devant le McDonald’s. Malgré leurs efforts, pompiers et Samu n’ont rien pu faire pour les sauver.

Des badauds sous le choc

Les policiers ont vite sécurisé la zone pour éloigner les badauds encore sous le choc.

Au moins, une quarantaine de douilles ont été retrouvées sur place, selon nos éléments, de trois couleurs différentes.

Des véhicules, le long de l’avenue Ernest Desproges, ont également été touchés.

Pour l’instant, encore difficile de dire ce qui s’est passé.

Selon les premiers éléments, les victimes sortaient, visiblement, de soirée. L’un des hommes était le frère d’un footballeur de RC Saint-Joseph, club qui fêtait, hier (samedi 10 mai), son premier titre de champion de Martinique.

Les témoins évoquent, la présence de deux tireurs présumés, un à moto et un en voiture. Ils sont activement recherchés.

Sur place, les familles sont arrivées au fur et à mesure, complètement sonnées. Et prises en charge, pour certaines, par les sapeurs-pompiers.

Encore une fois, la violence avec arme à feu, endeuille plusieurs familles martiniquaises.

L’enquête débute

Yann Le Bris, le procureur de la République à Fort-de-France, s’est rendu sur place ce dimanche matin. Il livre les premiers détails sur ce triple homicide.

C'est prématuré aujourd'hui pour donner des précisions sur ce qui s'est passé. Le constat que l'on peut faire, c'est malheureusement le décès de trois personnes en plein centre-ville de Fort-de-France. Ils ont été tués par arme à feu. Et l'enquête est confiée au commissariat qui, comme vous pouvez le constater, met tout en œuvre aujourd'hui et dans les jours prochains pour identifier les auteurs de ce triple homicide. Il va falloir laisser le temps aux enquêteurs de faire leur travail pour pouvoir identifier les auteurs de ce triple homicide. Cela fait à peine quelques heures que les faits viennent d'être commis. On doit faire toutes les exploitations utiles de vidéos, d'auditions de témoins, d'environnement également sur les victimes pour essayer de comprendre ce qui est à l'origine de ces faits.

« Une circulation des armes inacceptable »

Le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, s’est également rendu sur les lieux de la fusillade.

La ville se réveille avec un triple homicide. C’est un choc. Ça se passe tôt le matin, à une heure où il y a des gens qui marchent, qui courent. Cela renforce notre sentiment d’insécurité à nous, Martiniquais. On a une circulation des armes et des armes automatiques qui est inacceptable. Quand un phénomène comme ça se produit sur le territoire français, l’Etat prend des mesures exceptionnelles. Il est temps que des mesures exceptionnelles soient prises pour sécuriser les Martiniquaises et les Martiniquais. Il est temps qu’on contrôle efficacement ce qui rentre en Martinique. Il faut que l’Etat mette les moyens et il faut aussi que nous ayons un réveil de notre conscience sur la prolifération des armes sur notre territoire qui met tout le monde en danger. Il faut une mobilisation générale sur cette question. On franchit un nouveau palier dans le domaine de la violence et de l’insécurité sur le territoire de la Martinique.

A noter que la préfecture a annoncé, ce dimanche (11 mai), la tenue d’une réunion d’urgence, dès demain (lundi 12 mai), sur la question de la sécurisation de Fort-de-France.

Didier Laguerre a informé également de la mise en place d’un accompagnement psychologique pour les familles endeuillées. L’une des trois victimes était un employé municipal de Fort-de-France.

« Inquiétant pour l’avenir de notre Martinique »

Claude Josias, secrétaire territorial Unité police Martinique, a réagi, lui aussi, après la fusillade et son dramatique bilan.

Cela m’inspire beaucoup de colère, de la tristesse pour les familles des victimes et tous ceux qui sont déjà passés par-là. Je rappelle que nous en sommes au 12ème ou 13ème meurtre depuis le début de l’année. Ça se passe à Fort-de-France, sur un boulevard très fréquenté, à côté d'un établissement très fréquenté. Les répercussions risquent d'être énormes, notamment sur la réputation et la fréquentation de notre île. Tout cela, ce n'est pas anodin, avec des drames qui se passent de semaine en semaine et sans que grand monde ne réagisse. C'est plutôt inquiétant pour l'avenir de notre Martinique. On a l'impression aujourd'hui que c'est un jeu, que les gens ne se rendent pas compte des conséquences que ça peut avoir sur les familles touchées, mais, au-delà, auprès de toute la population martiniquaise.

« La Martinique est en état d’urgence insécurité ! »

Le président du conseil exécutif, Serge Letchimy appelle, quant à lui, à une réponse forte et concertée face à l'escalade de la violence : 

Au-delà de l’émotion, cet acte dramatique vient une nouvelle fois illustrer une réalité désormais insupportable : la Martinique fait face à une explosion de la violence. Les chiffres sont sans appel. Les saisies d’armes à feu et de stupéfiants se multiplient de manière alarmante. Notre pays est aujourd’hui confronté à une prolifération incontrôlée des trafics, faisant de la Martinique une plaque tournante du commerce illégal d’armes et de drogue. Depuis plusieurs mois, nous ne cessons d’alerter sur la gravité de la situation. Mais les faits sont là : l’insécurité gagne du terrain, les armes circulent librement et la peur s’installe dans nos quartiers comme dans nos centres urbains. Il est temps de dire stop. La Martinique ne peut pas s’habituer à ces drames. Ce cycle de violence doit cesser. La réponse doit être à la hauteur du danger qui nous menace. Elle doit être forte, structurée et pérenne. La Martinique est en état d’urgence insécurité ! C’est pourquoi nous proposerons au préfet et à l’ensemble des élus martiniquais de se réunir dans les plus brefs délais. L’objectif est clair : renforcer, ensemble, le Contrat Territorial de Prévention et de Sécurité avec des propositions et des mesures plus ambitieuses et plus fortes que l’Etat devra mettre en œuvre pour garantir la sécurité des Martiniquaises et Martiniquais et restaurer la sérénité dans notre pays.


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