Orpaillage illégal en Guyane : le corps d’un militaire, chef coutumier amérindien, retrouvé sans vie

Par 10/05/2023 - 12:01 • Mis à jour le 10/05/2023 - 12:19

Le corps sans vie de Guy Barcarel, un piroguier militaire et chef coutumier disparu ce dimanche, lors d'une opération nocturne de lutte contre l'orpaillage illégal sur le fleuve Oyapock, en Guyane, a été retrouvé aujourd’hui (mercredi 10 mai).

    Orpaillage illégal en Guyane : le corps d’un militaire, chef coutumier amérindien, retrouvé sans vie
Dégâts de l'orpaillage clandestin en Guyane @WWF

« J'ai la tristesse et la douleur de vous annoncer que l'on a retrouvé le corps de l'adjudant Guy Barcarel qui malheureusement est décédé », a indiqué le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, aux députés de la commission de la Défense, qui lui ont rendu hommage par une minute de silence.

« Je tiens au nom du gouvernement à avoir une pensée particulière pour sa mémoire, pour sa famille et à adresser (mes) condoléances à l'ensemble des Guyanaises et des Guyanais » a-t-il ajouté, rappelant que le sous-officier était également « chef coutumier amérindien ».

« Le corps a été retrouvé, c'est l'essentiel, on va pouvoir lui donner des funérailles », a déclaré Laurent Yawalou, maire de Camopi, dans l'est de la Guyane, d'où le militaire était originaire.

Selon une source proche du dossier, le corps du piroguier, membre des Forces armées de Guyane (FAG), a été retrouvé à 13h45, heure française, par une patrouille des FAG dans le fleuve Oyapock, près de Camopi.

Les faits se sont produits dimanche vers 21h (heure de Guyane). « Agissant en soutien de la gendarmerie, le sous-officier, piroguier au sein du 3e Régiment étranger d'infanterie (REI), chef coutumier pour les Amérindiens Teko de Camopi et membre du Grand conseil coutumier, était à la recherche d'une pirogue logistique illégale au moment de l'accident », avait indiqué plus tôt dans la matinée le ministère des Armées dans un communiqué.

500 sites d'orpaillage toujours actifs

Selon les premiers éléments de l'enquête, « l'embarcation a heurté un arbre alors qu'elle opérait de nuit par une météo défavorable. Sous le choc, le piroguier est tombé ». Un gendarme mobile a également été blessé.

Le 25 mars dernier, un gendarme du GIGN, Arnaud Blanc, avait été tué alors qu'il menait une opération de contrôle d'un site d’orpaillage de Dorlin. Trois personnes ont été interpellées à ce stade et confiées à la Juridiction Interrégionale de Fort-de-France.

    Meurtre d’un gendarme en Guyane : deux nouveaux suspects interpellés

En 2021, selon un rapport parlementaire, la gendarmerie de Guyane chiffrait à 8.600 environ le nombre d'orpailleurs illégaux, pour l'essentiel des « garimpeiros » (prospecteurs) brésiliens, "en situation irrégulière sur le territoire" français.

Quelque 500 sites d'orpaillage illégal seraient toujours actifs, selon l'Observatoire de l'activité minière (OAM), dont 150 situés au cœur du Parc national amazonien, créé en 2007 pour protéger la forêt amazonienne et sa biodiversité.

Le rapport parlementaire soulignait aussi le coût élevé du phénomène pour l'économie guyanaise: « Selon la Fédération des opérateurs miniers de Guyane, l'orpaillage illégal détournerait du PIB guyanais environ 750 millions d'euros » chaque année, perte occasionnée par l'extraction illégale de « 10 à 12 tonnes d'or » par an.

Le 25 mars, un gendarme français, le major du GIGN Arnaud Blanc, a été tué alors qu'il participait avec neuf camarades à une opération contre l'orpaillage illégal. Un homme soupçonné d'appartenir à un groupe de braqueurs de mines d'or clandestines impliqué dans la mort de ce gendarme a été arrêté par la suite.

À lire également