« Tropique du Képone » : le sujet chlordécone s'invite sur des scènes nationales

Par 29/05/2024 - 14:00

Quand le scandale du chlordécone devient une œuvre artistique. Le spectacle « Tropique du Képone », qui avait été joué en avant-première en Martinique et Guadeloupe au mois de mars, est en tournée en France hexagonale depuis la fin mai, avec l'espoir militant pour les artistes Marlène Myrtil et Myriam Soulanges de mieux faire connaître cette histoire de l'autre côté de l'Atlantique.

    « Tropique du Képone » : le sujet chlordécone s'invite sur des scènes nationales
« Tropique du Képone » / Eloïse Legay

Metz, Sète, Rennes, Paris et cinq dates à Avignon, « Tropique du Képone » voyage aux quatre coins de l'hexagone jusqu'à la mi-juillet. Une tournée au national qui se clôturera lors du "Off", événement organisé en marge du célèbre festival d'Avignon. Ce spectacle de danse contemporaine « afro-futuriste » a été imaginé par deux chorégraphes Antillaises, Myriam Soulanges, Guadeloupéenne, et Marlène Myrtil, Martiniquaise, qui ont pris l'habitude de travailler sur des thématiques écologiques, elles qui avaient déjà monté conjointement un premier spectacle sur le sujet chlordécone, « Principe de précaution » en 2014. 

Avec ce nouveau projet, qui avait été présenté au mois de mars dans les deux îles soeurs, à Tropiques Atrium, Sonis, Robert-Loyson et au Mémorial ACTe, les deux artistes complices espèrent propager la connaissance du scandale chlordécone sur les scènes nationales. 

On sent qu'il y a une envie de connaissance et d'en savoir plus. Il y a aussi un élan, de communier avec nous, et c'est important pour nous de sentir ce soutien.

Dans « Tropique du Képone », Marlène Myrtil voit même un message universel face aux pesticides au sens large. 

On espère pouvoir toucher des publics qui ne sont pas forcément sensibilisés, mais qui en même temps sont touchés, car si on fait des rapprochements avec le glyphosate ou d'autres pesticides, on a plus de chances d'être entendues et d'être intégrées dans notre démarche artistique.

Alors que les pouvoirs publics tergiversent encore sur ces sujets, Myriam Soulanges assume la démarche politique et militante à-travers ce spectacle. 

Pour nous c'est notre engagement, c'est hyper politique, c'est notre façon d'agir en tant qu'artistes.

Résistance 

Le dossier est évidemment dramatique et inquiétant, mais les deux artistes l'ont pris à contre-pied, parfois avec humour en s'appuyant sur de nombreuses archives historiques et médiatiques. Elles se projettent dans un lointain futur chlordéconé, où tout est transformée, y compris elles, devenues cyborgs dans un monde totalement bleuté, avec des messages forts pour Myriam Soulanges.

Ce sont deux héroïnes femmes noires, qui ont muté, qui ont résisté, cela veut dire que nous le peuple, nous tous, on peut résister et lutter. Je trouve ça fort que dans notre vision d'artiste, on s'empare de cette vision et qu'on donne un imaginaire où il y a cette victoire. 

Les deux Antillaises espèrent aussi inviter à l'action par leur prestation, Marlène Myrtil appuie sur cet vision d'espoir.

Il y a un message, qui n'est pas que le notre, qui est que le public prenne conscience qu'il faut agir, même un petit peu, donc on y croit. 

Après ces dates nationales, le duo Myrtil / Soulanges n'exclut pas une nouvelle tournée outre-Atlantique pour poursuivre ce travail de sensibilisation, mais aussi des traductions pour faire leur part dans la propagation de la connaissance du scandale chlordécone à l'échelle internationale, pour en faire un sujet qui enflamme les planches autant que les débats.


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