Art Capital : les Outre-mer s'exposent

Sous l'immense verrière, les artistes et le public se retrouvent enfin après cinq ans de délocalisation de l'autre côté de la Seine, au Grand Palais éphémère.

Un "rêve éveillé" pour le saintannais Roger Palie qui présentait sa toile "Ice bag", une œuvre engagée. "C'est un double langage entre un iceberg et un sachet poubelle, où on voit toute cette pollution qui se déverse un petit peu partout dans le monde, en Guadeloupe, en Martinique... On est face à ce phénomène qui nous attend", nous explique le guadeloupéen qui, en quelques jours, a su séduire les amateurs et professionnels.

Avant, je faisais autre chose mais avec cet élan, je me sens vraiment très engagé à continuer dans cette voie pour faire prendre conscience aux gens qu'on peut consommer différemment et prendre soin de ce qui est autour de nous

Roger Palie

Le combat du cheveu naturel 

Autre combat : celui du cheveu naturel. Une bataille qu'a faite sienne l'artiste Guylaine Conquet, guadeloupéenne qui vit désormais aux États-Unis.

Avec son tableau "Just Afro" représentant une femme avec une magnifique chevelure brune, parmi les trois qu'elle présentait à cette édition d'Art Capital, l'ancienne animatrice radio qui a impulsé la proposition de loi sur la discrimination capillaire, le revendique.

"Toutes les femmes noires au monde ont une histoire avec leurs cheveux. Nos cheveux ont été malmenés, maltraités depuis des années, dépi nanni nannan !", explique celle qui fait aussi un travail de pédagogie et d'information sur le sol américain.

Il est temps que ça cesse, il est temps qu'on accepte qui on est, qu'on accepte nos cheveux qui sont puissants, qui sont beaux, qui sont versatiles. On est le seul cheveu à pouvoir faire autant de styles de coiffure différents !

Guylaine Conquet

Pour ce retour au Grand Palais, le Mornalien Luidgi Deloumeaux avait décidé de créer une toile imposante, vantant aussi les atouts et richesses de l'archipel guadeloupéen.

"Il y a le symbole de la femme qui représente la Caraïbe, le taureau de chez nous qui représente la force et j'ai aussi voulu rendre hommage au héron qu'on a chez nous et qui représente le protecteur de toute cette force et de cette Caraïbe", décrit-il avec enthousiasme, voulant transmettre un message clair à ceux qui le découvrent.

J'avais envie de donner mon avis sur la politique du moment, avec les conflits entre l'Europe et les Antilles. J'ai voulu quand même parler des richesses importantes qu'on a dans nos terres et pour lesquelles justement je me bats aujourd'hui

Luidgi Deloumeaux

Pour les artistes présents au Grand Palais, cet événement est une superbe vitrine. "C'est tout simplement gigantesque d'être là, c'est le salon d'art incontournable de la capitale et j'ai envie de vous dire d'Europe. Pour eux, c'est une sacrée carte de visite !", se félicite la martiniquaise Mélissa Biron, présidente de l'association Couleur Pays et fondatrice d'Art Freedom qui les accompagne et leur permet d'exposer dans un espace mis à disposition.

"J'ai le plus grand plaisir à participer à cette magnifique opportunité", se réjouissait aussi la guyanaise Clez qui, pour Art Capital, s'est dévoilée avec une peinture à l'huile au couteau "Back To Roots". Une toile aux couleurs vives et sombres à la fois où l'on pouvait deviner, en plus des ressources des sols de Guyane, le lien puissant qui relie les départements français d'Amérique à l'Afrique.