Porto-Rico : à Santurce, l'art, héritage de l'esclavage, irradie les murs
RCI vous emmène en voyage et vous propose une escale à Porto-Rico. À San Juan, les premiers esclaves libres se sont installés dans le quartier de Santurce. Une zone qui, aujourd’hui, forte de son passé, a décidé de faire découvrir l’art autrement. Reportage d’Olivia Losbar, sur place
Quand ils arrivent à Porto-Rico, de nombreux touristes veulent découvrir les rues pavées du Vieux San Juan ou les plages de Condado mais ils ignorent souvent qu’à quelques pas de là, se trouvent un trésor. Santurce, là où de leur propre avis, se trouve la véritable âme des Portoricains.
Un quartier métissé où l’on retrouve beaucoup d’Afro-descendants et où l’art est partout. Dans la bomba, le tambour traditionnel, héritage de l’esclavage qui résonne, mais aussi partout sur les murs.
« Un musée vivant dans la rue »
Angèl Alexis Busquets est artiste, conservateur et directeur de l’institut de subculture de Porto-Rico.
Il nous explique comment Santurce est devenu le centre névralgique du street art.
Santurce est ma maison, c’est une communauté où je suis né et où j’ai grandi. Santurce est le projet que nous menons depuis 14 ans. Nous avons commencé à ouvrir une galerie d’art il y a 14 ans, à organiser des expositions d’art, à parler d’art et à peindre des murs. Nous n’avons jamais cessé depuis. Nous avons parcouru toute l’île. Je pense que nous avons fait évoluer le concept de ce qui se fait et de ce qui fait l’art. Nous ne représentons pas un musée ou un mur de musée. Nous venons de la rue. Il s’agit plutôt d’amener les gens à voir un musée vivant dans la rue et aussi les gens du musée à venir, dans la rue. C’est donc une sorte d’aller-retour.
Des artistes installés
À la rue Elisa Cerra où se trouve la galerie d’Angèl Alexis, il n'y a pas une façade sans une oeuvre d’art réalisée par des artistes locaux ou internationaux.
Et, au bout de la voie, une grande fresque de l’artiste Danaé Brissonnet, qui vit en Guadeloupe, s’étale sur un immeuble d’une quinzaine d’étages.
Pour le directeur du festival « Santurce es ley », elle était la seule à pouvoir faire une telle oeuvre.
De nombreux artistes, peintres, sculpteurs ou musiciens se sont installés dans le quartier et luttent à leur façon, contre la gentrification de Santurce.