Haïti : un sénateur ouvre le feu et blesse un photographe de presse

Par 24/09/2019 - 11:24 • Mis à jour le 24/09/2019 - 11:29

La tension règne toujours en Haïti. Des groupes de manifestants s'en prennent depuis lundi à des édifices de proches de Jovenel Moïse, le président de la République. Un sénateur du parti au pouvoir a ouvert le feu devant le parlement hier (lundi 23 septembre 2019).

    Haïti : un sénateur ouvre le feu et blesse un photographe de presse

Un sénateur haïtien, qui voulait disperser des manifestants, a ouvert le feu avec son arme de poing lundi à l'extérieur du parlement à Port-au-Prince, blessant légèrement un photojournaliste de l'agence Associated Press (AP), a relaté ce dernier à l'AFP.

Le sénateur Jean-Marie Ralph Fethière, élu du parti au pouvoir, a expliqué avoir agi pour se défendre face à ces manifestants de l'opposition qui avaient fait irruption dans l'enceinte du palais législatif pour empêcher la tenue de la séance. 

"Je me suis défendu. La légitime défense est un droit sacré", a déclaré M. Fethière à un média haïtien, en ajoutant qu'il ignorait qu'un journaliste ait été touché.

Ce photographe, qui a souhaité conserver l'anonymat, a été légèrement blessé à la mâchoire par un éclat de balle. Cet éclat lui a été retiré à l'hôpital. Il est apparu un peu choqué mais lucide, selon une journaliste de l'AFP qui l'a rencontré.

Le Premier ministre Fritz-William Michel, nommé fin juillet, devait se présenter avec ses ministres devant les sénateurs pour faire ratifier sa politique générale, étape indispensable à l'installation de son gouvernement. Après les incidents de la matinée, la séance a été reportée sine die.

Jovenel Moïse, le président d'Haïti, qui devait initialement partir dimanche à New York pour participer à l'Assemblée générale des Nations unies, a annulé son déplacement, selon un communiqué diffusé lundi soir. Il avait dans un premier temps reporté son départ dans l'attente de l'installation du gouvernement. 

A la mi-journée lundi, plusieurs centaines de personnes ont gagné les rues de la capitale pour manifester leur colère contre le président, dressant des barricades sur leur passage. 

 

"On ne veut pas entendre parler de ratification de Premier ministre. On n'a pas un problème de gouvernement mais un problème de président: Jovenel Moïse est un incapable, il ne peut pas diriger et, à cause de ça, notre misère est plus grande", a dénoncé Didier Benel au sein du cortège regroupant une majorité de jeunes hommes aux visages souvent masqués. 

La petite foule a sillonné les rues des quartiers commerçants de la capitale en brisant plusieurs vitrines et vitres de voitures. Au moins deux véhicules ont été incendiés, selon une journaliste de l'AFP sur place.

Face à des fausses rumeurs de réunion des parlementaires dans un complexe hôtelier de la capitale, les manifestants se sont confrontés avec violence aux forces de l'ordre aux abords de l'établissement. Un magasin voisin a été pillé puis incendié.

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