Violences faites aux femmes : il faut adapter les procédures et des jugements appropriés
La Cour d'appel, le Parquet général, les tribunaux judiciaires et Parquets de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre avaient donné rendez-vous ce lundi soir 25 novembre à l'auditorium Jérôme Cléry de Basse-Terre pour participer à une conférence-débat autour des violences conjugales et des violences faites aux femmes.
Policiers, gendarmes, services sociaux, associations faisaient partie d'un public averti qui pendant deux heures a reconnu que même si beaucoup avait été fait en matière de violences faites aux femmes, il restait encore beaucoup à faire. La nécessité d’aller plus loin et plus vite tout en adaptant des procédures et des jugements appropriés est ressort de cette conférence.
Agir vite
Le Premier Président de la Cour d'appel de Basse-Terre, Mickaël Janas :
Quand on est victime, parfois on peut être victime de violences, et les violences peuvent être morales, ça peut être des insultes, ça peut être une perte d'autonomie par rapport aux finances du couple qui sont entre les mains d'un seul, de la surveillance, et on a des situations où celle qui est victime ne se rend même plus compte qu'elle l'est. Ce qui est important c'est qu'aujourd'hui on dit qu'il y a des choses qui ne sont plus normales. Et donc il faut lutter contre cela. Et la justice, elle intervient du mieux qu'elle peut, la police, la gendarmerie, les associations, mais elle ne peut intervenir que quand le problème est posé.
Mickaël Janas a souligné l’importance d’agir vite dans ce genre de situation et de pouvoir protéger la victime.
C'est pour ça qu'il y a tout ce que nous on doit faire, tout ce que l'on peut faire, tous les mécanismes qu'on met en place, mais avant tout, il faut une prise de conscience sociétale que ce qui se passe dans l'intimité des familles n'est plus acceptable et que celle qui est victime, ait confiance et lorsqu'elle va frapper à la porte du commissariat, lorsqu'elle parle autour d'elle de ce qui lui arrive, que nous, on soit en mesure d'intervenir très rapidement pour la protéger.
Des audiences spécialisées
Tous les acteurs présents ont évoqué avec gravité, mais aussi beaucoup de lucidité et de détermination les actions qui étaient menées pour lutter contre ce mal qui gangrène notre société. Xavier Sicot, le Procureur de la République de Basse-Terre :
On a créé un pôle avec des audiences dédiées aux violences intrafamiliales. C'est-à-dire que tous les deux mois, on a une audience avec à peu près une douzaine de dossiers qui sont pris par un magistrat spécialisé. À ces audiences sont présentes également les associations d'aide aux victimes. Il y a du lien qui sont faits avec les victimes pour voir dans quelle situation elles se trouvent. Les auteurs, par rapport à ce qui leur est reproché, on prend le temps de faire de la pédagogie, ça me semble extrêmement important. Les peines sont encore plus expliquées qu'elles ne sont expliquées aux audiences classiques.
Le procureur a également rappelé le besoin de transversalité entre les services et les acteurs, notamment avec les associations ou encore l’éducation nation qui peuvent donner l’alerte.