Quelle est la place du consentement dans les relations affectives et sexuelles ?

Par 21/11/2024 - 17:55 • Mis à jour le 21/11/2024 - 18:06

Quelques jours avant la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre, dans l’émission Décryptage sans langue de bois, nous nous sommes intéressés à ce sujet d’actualité qu’est le consentement.

    Quelle est la place du consentement dans les relations affectives et sexuelles ?
Les invités du Décryptage de ce mercredi 20 novembre.

La notion de consentement a été remise sur le devant de la scène en raison de l'affaire Mazan. L’affaire se tient depuis plusieurs semaines devant le tribunal et concerne Gisèle Pélicot, cette femme, agressée sexuellement pendant une dizaine d'années par son mari et près de 80 hommes alors qu’elle était inconsciente et sous soumission chimique.

Comprendre le consentement

Mais déjà le consentement affectif et sexuel, qu’est-ce que c’est ? C’est donner son accord clair pour avoir un contact, un rapport intime ou sexuel avec quelqu’un.

Il faut que chacun accepte que l’activité ait lieu, que ce soit une relation sexuelle, un baiser ou tout autre geste de nature sexuelle. Le consentement des partenaires doit être clair, libre et éclairé. Quand ces conditions ne sont pas réunies, il peut y avoir « agression sexuelle ». Une définition confirmée par Léa Doizé, sexothérapeute qui base son explication sur cinq piliers.

Il faut qu'il soit donné librement, donc pas de contraintes, pas de menaces, pas de violences, pas de surprises. Il faut qu'il soit enthousiaste, donc on doit faire la différence entre un consentement qui est donné de manière enthousiaste et/ou pas. Il faut qu'il soit spécifique. J'ai donné mon consentement pour ça et pas pour autre chose. Informé : Je sais quelles conséquences ça aura, si je dis oui pour ça ou pour ça. Et ne surtout pas oublier qu'il est révocable à tout moment, quel que soit ce que je fais ou ce qu'on est en train de faire, quel que soit le stade de ce qu'on est en train de faire, je peux changer d'avis, je peux dire non.

Il faut aussi que le consentement soit éclairé comme le rappelle Lucette Faillot, directrice régionale aux droits des femmes et à l'égalité, qui a tenu a souligné cet aspect :

Qui dit consentement veut dire aussi capacité de discernement. Il faut faire la différence entre une personne qui a le discernement et cette personne où on pourrait dire qui a la capacité de. Et ça, c'est vraiment un point très important, fondamental, dont nous ne devons pas nous départir.

« Sans le Oui, c’est interdit »

Lors des récents débats au Parlement européen sur la proposition de directive pour lutter contre les violences faites aux femmes, le consentement a été un point de désaccord majeur. Certains États, dont la France, ont bloqué l'inclusion d'une définition européenne du viol basée sur le consentement (définition communautaire du viol) invoquant des contraintes juridiques liées au droit européen. Initialement opposé à une harmonisation, le président français a récemment infléchi sa position, soulignant l'importance de mesures communes pour renforcer la prévention et la protection des victimes, tout en restant prudent sur les modalités d'application. Mais en attendant que la loi se prononce, éventuellement, c’est une culture du consentement qu’il faut instaurer chez nous. C’est en tout cas l’idée exprimée par Sonia Dériau-Reine, membre de l’association féministe Koumbit Fanm Karayib.

Le non, c'est une question globale. Il faudrait créer une culture globale du consentement et arrêter de se cacher les yeux. On est dans une société particulièrement violente. Violente sur les enfants, violente sur les femmes et violente dans les rapports sociaux d'une façon générale. Il faut quand même arriver à avoir un consensus, et se dire qu'à un moment, il faut que ces violences s'abaissent et qu'elles disparaissent.

Pour elle, le consentement, cela passe également par l’écoute. L’écoute de l’autre, l’écoute du oui, du non ou des comportements.

Pour qu'il y ait consentement, il faut écouter. Il faut écouter son ou sa partenaire. Il faut s'écouter soi-même d'abord, peut-être, se demander jusqu'où ? Qu'est-ce que je veux ? Qu'est-ce que je veux faire ? Mais écouter la personne qu'on a en face de soi et en tout cas, se dire en tant qu'adulte, sans le oui, c'est interdit. Il faut que le oui soit dit de manière explicite. Et puis, il faut prendre l'habitude aussi de poser des questions simples. Est-ce que tu veux ? Est-ce que je peux ?

Et pour inculquer cette notion de consentement, cela passe donc par la communication, mais aussi par l’éducation, dès le plus jeune âge.

Lucette Faillot :

Il faut adapter le langage aussi aux enfants, aux moins jeunes, aux jeunes filles et aux jeunes garçons. Pour quelles raisons ? Parce qu'ils ne vont pas rester toute leur vie des enfants. Ils vont grandir, ils vont devenir des femmes et des hommes. Et là, il ne faut pas qu'il y ait de frustration. Parce que quand on est dans un couple, la frustration vient par-là, parce qu'on a subi certaines choses, hommes ou femmes, et on a du mal à les gérer et on se retrouve face à un partenaire qui peut être dans une posture où ce non, il ne peut pas le comprendre parce qu'on ne l'a pas éduqué à cela.

Un « non » qui semble prendre de plus en plus de place dans les relations. L'INSERM, l'ANRS Maladies infectieuses et Santé publique France ont dévoilé, la semaine dernière, les résultats d'une vaste enquête menée sur cinq ans. Il s'agit de la quatrième étude du genre depuis 1970, offrant un éclairage sur les changements dans les comportements, les pratiques et les désirs sexuels des Français.

Ainsi, il en ressort notamment une diminution chez les femmes, des rapports sexuels acceptés pour « faire plaisir » à leur partenaire sans en avoir vraiment envie soi-même, depuis 2006. Toutefois, ce même rapport révèle qu’en 2023 29,8 % de femmes de 18-69 ans ont déclaré avoir subi un rapport forcé ou une tentative de rapport forcé, contre 15,9% en 2006. Chez les hommes, les chiffres passent de 4,6 % en 2006 à 8,7 % en 2023.

Le replay de Décryptage par ici.

 

 


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