À l'approche de la Toussaint, les jobeurs et les familles s'activent dans les cimetières
Au cimetière du François, ils sont nombreux à se presser autour des tombes. Malgré le contexte de violences en Martinique, la population entend bien respecter la tradition de la Toussaint.
Seaux, brosses, pinceaux, peinture... Les jobeurs comme les familles ne manquent pas de matériel pour redonner vie aux tombes du cimetière du François.
Dans les allées, tous s'activent à quelques jours de la fête des morts. Le 2 novembre prochain, les Martiniquais iront en nombre rendre hommage à leurs défunts.
Les travailleurs sont à l'affut. Le nettoyage d'une tombe se négocie autour de 25 euros et les proches de défunts sont parfois frileux.
Je fais ça comme ça. C'est un job qu'on m'a montré. De copains en copains, on se passe le message. On vient ici et on fait un petit argent pour la poche. Pour le nettoyage, on prend 25 euros quelque soit la tombe. Si on prend un 5 euros en plus, c'est pour les dorures, les plaques. Comme je sais qu'il y a mes ancêtres ici, je le fais. C'est une bénédiction. C'est Dieu qui fait le travail pour moi dans la vie. Je suis là jusqu'à vendredi soir
Un autre jobeur témoigne des difficultés qu'il rencontre dans le démarchage des clients
Je suis à la recherche de personnes qui veulent bien me donner une journée si c'est possible. Avec la vie chère, c'est compliqué. On voit beaucoup de retraités qui se donnent les moyens de venir. Ils font même la dorure et la peinture. Ils grattent. Même leur donner un coup de main, ils ne veulent pas. On essaye de faire comme on peut
Solidarité familiale
Sur les tombeaux, les familles peignent mais s'occupent aussi des fleurs. C'est le cas de Julie
Ce sont des fleurs artificielles. Elles ont pris de la poussière toute l'année. Je les lave, ça leur redonne une certaine fraîcheur. Nous ne mettons pas de fleurs fraîches parce que nous ne trouvons pas ça jolie de laisser des fleurs sèches sur une tombe, deux mois après la Toussaint. Je suis là avec mon frère et mon compagnon
Ce dernier explique pourquoi, il préfère s'occuper de la tombe lui-même :
Je nettoie la tombe. On s'entraide. On pourrait payer mais malheureusement, les gens sont là pour leur argent. Ils nettoient à peine. Une fois, on a payé 20 euros pour la dorure. Ils ont fait la devanture et l'intérieur ils n'ont pas fait.
Ecoutez le reportage de Myrtha Paller :