Attaquée sur les réseaux sociaux après un audio, Karine Mousseau « ne regrette pas ses propos »
L’ancienne présidente du Comité Martiniquais du Tourisme fait l’objet de nombreuses insultes depuis le vendredi 11 octobre, après avoir exprimé son mécontentement dans des audios WhatsApp, pour dénoncer les violences récentes liées à la crise de la vie chère. Les associations féministes réagissent.
Depuis plusieurs jours, Karine Mousseau, ancienne présidente du Comité Martiniquais du Tourisme et actuelle conseillère municipale d’opposition au François, est la cible de menaces et d'insultes sur les réseaux sociaux.
Les attaques à son encontre ont commencé après la diffusion, le vendredi 11 octobre, de trois audios sur WhatsApp dans lesquels elle exprimait son désaccord avec certaines méthodes utilisées lors des barrages installés la semaine dernière sur de nombreux axes routiers en Martinique.
« Une bande de malfrats cagoulés »
Dans ces enregistrements vocaux, Karine Mousseau décrit une situation qu’elle juge chaotique et critique ouvertement l’action des émeutiers.
Il dit dans sa vidéo qu'il ne faut pas arriver au chaos, mais nous sommes au chaos. Nous sommes au chaos parce qu'aujourd'hui, je ne peux pas sortir de chez moi, ni à droite ni à gauche, parce qu'il y a une bande de malfrats cagoulés qui m'empêche de circuler. Je ne peux pas faire mes courses parce que tous les commerces du François sont fermés. Nous sommes au chaos. Alors, est-ce que la rue va faire la loi ? C'est la question que je vous pose. Non. Nous sommes dans un pays, on est organisé.
Ces propos ont déclenché une polémique sur les réseaux sociaux, notamment sur X (anciennement Twitter), où Karine Mousseau est devenue la cible d’attaques violentes. Certains internautes lui reprochent d’avoir qualifié les manifestants de "malfrats".
Cependant, elle n’a pas tardé à recevoir des soutiens. L’association féministe "Culture et égalité" a publié un communiqué le lundi suivant. Elle soutient l’élue et rappelle « Nous condamnons fermement tout propos ordurier tenu sur une femme politique ».
À son tour, l'Union des Femmes de Martinique « condamne fermement tout propos dénigrant relevant d'une violence sexiste et d'une volonté de faire taire les femmes dans l'espace public ».
Cible des internautes
Face aux menaces, Karine Mousseau a tenu à clarifier ses positions et à dénoncer ce qu'elle considère comme une tentative de la réduire au silence.
J'ai passé un week-end hallucinant en termes de menaces, de messages tellement bas, petits, tristes, injustifiables. Ça veut dire qu'aujourd'hui, on essaie de vous empêcher de parler. On vous terrorise. C'est du terrorisme, en fait. On a le droit de penser. Mes audios restent corrects. Je n'ai insulté personne. J'ai juste donné mon opinion.
Elle souligne également que, malgré les attaques, elle a reçu de nombreux messages de soutien.
J'ai eu des centaines de messages de soutien de gens qui me disent : Karine, fais attention. Karine, il faut que tu arrêtes, il ne faut pas parler trop, ils vont venir chez toi, etc. Je leur ai tous dit : Je n'ai pas peur.
Dénoncer la situation
Hier, dans un Live, Rodrigue Petitot, le président du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes) s'en est pris à l'ancienne conseillère territoriale, répondant à ses audios et les fustigeant.
De son côté, Karine Mousseau ne regrette pas ses propos. Elle affirme qu’elle continuera de dénoncer ce qu'elle appelle un climat de "terreur" qui s’installe progressivement en Martinique, où la liberté d’expression serait de plus en plus menacée.
Ça veut dire qu'il y a plein de gens qui ont envie de parler, mais qui aujourd'hui ont peur. Et à partir du moment où vous êtes dans un endroit et que vous avez peur de parler, c'est qu'il y a un problème, qu'on est déjà dans une dictature, qu'on est déjà dans du terrorisme, qu'on est déjà dans un système qu'on doit combattre.
Elle lance ainsi un appel aux Martiniquais pour qu'ils se mobilisent et refusent cette situation.
Je demande aux Martiniquaises ou Martiniquais de se réveiller, de dire non à ce terrorisme, non à cette dictature. On a le droit de dire ce qu'on pense. On a le droit de demander à ce que nos ronds-points soient libérés pour qu'on puisse travailler. On a le droit de dire stop à la destruction des magasins, des commerces, du travail des Martiniquais.
La prise de position de Karine Mousseau, qu’elle juge nécessaire dans ce contexte de tensions sociales, semble frustrer une partie de la population martiniquaise. Face à cette situation, elle envisage de porter plainte contre X.