Insécurité routière : lancement d’une campagne de prévention en Guadeloupe

Par 16/10/2024 - 05:00 • Mis à jour le 16/10/2024 - 14:42

Face aux très mauvais chiffres de l’accidentologie en Guadeloupe, les autorités réagissent en lançant une campagne de communication. L’objectif : provoquer une prise de conscience collective.

    Insécurité routière : lancement d’une campagne de prévention en Guadeloupe
@Pierre Emmanuel

Le bilan de la sécurité routière en Guadeloupe pour l'année 2023 a été présenté hier après-midi (mardi 15 octobre), en préfecture.

Les chiffres de l’accidentologie, y compris cette année, sont très mauvais et l'inquiétude est manifeste et générale.

La Guadeloupe est l'un des départements les plus accidentogène et ce depuis des années.

La hausse du nombre d'accidents et de blessés est continue depuis 2019.

Il s'agit de réagir collectivement pour qu'un frein soit mis à cette spirale de la violence et de l'insécurité routière.

« Provoquer une prise de conscience collective »

Le préfet de région, Xavier Lefort, tire la sonnette d'alarme.

La situation est très critique. Les chiffres rendent très imparfaitement compte de la situation. Derrière ces chiffres, ce sont des vies, des drames, des personnes qui souffrent, qui sont victimes, qui meurent de cette insécurité routière. Et aujourd’hui, on a des chiffres qui connaissent une hausse extrêmement inquiétante.

Le constat, note le préfet, c’est que sur ces 5 dernières années, on voit le nombre de blessés, d’accidents et de tués qui ne cessent d’augmenter.

Face à cette situation, on ne peut pas rester sans rien faire. On doit provoquer une prise de conscience collective. Parce qu’objectivement, si on respecte un certain nombre de règles, des règles simples, il n’y a aucune raison qu’un perde la vie sur la route. Quand on est au guidon d’une moto ou volant d’une voiture, la moindre faute de comportement ou erreur d’inattention est absolument dramatique.

Dans les médias et sur les réseaux

Hier, le préfet a annoncé le lancement d’une campagne de communication dans les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux. Elle va cibler les publics les plus à risque, précise Xavier Lefort.

Aujourd’hui, la mortalité sur la route touche majoritairement les 18 - 35 ans. Et c’est chez eux qu’il faut provoquer cette prise de conscience.

En 2023, 54,4 % des victimes avaient moins de 35 ans alors qu'ils représentent environ 35 % de la population guadeloupéenne.

Des artistes ont accepté de collaborer à ce projet. Des personnes ont également accepté de témoigner de ce qui leur est arrivé. Le but : toucher au cœur.

Des témoignages de victimes

Yanel et Médérick

Yanel, 21 ans, a été victime d'un grave accident de la route. Polytraumatisé, il retrouve goût à la vie progressivement. Mais plus rien n'est comme avant. Il a accepté de participer à la campagne de prévention. Il a expliqué pourquoi au micro de Pierre Emmanuel.

J’ai tenu à m’associer à cette campagne pour sensibiliser la jeunesse. J’ai été victime d’un accident de la route et ce n’est pas sympa à vivre. J’ai eu mes deux bras fracturés, ma cheville ainsi que mon bassin, sans compter toutes les plaies internes. Ça a été très compliqué, je sors de plus de 3 mois d’alitement et d’une phase de rééducation très complexe. J’ai dû réapprendre à marcher. C’est complètement différent. On n’a plus les mêmes gestes, les mêmes habitudes.

Médérick, lui aussi, a été victime d'un grave accident de la route. Depuis, il a décidé de s'investir pour que d'autres jeunes ne subissent pas toutes les souffrances et toutes les douleurs qu'il a connues.

J’ai eu une paraplégie incomplète, du coup il m’a fallu tout réapprendre. J’ai fait deux arrêts cardiaques. J’ai des côtes fracturées, le tibia ouvert et de multiples fractures. Pendant un an j’ai dû réapprendre les bases à l’hôpital Maurice Selbonne. Vivre quelque chose de fort, ça change la vision et la façon de penser. Ma vie est bien différente de ce qu’elle était avant l’accident.

1 000 rétentions de permis

Pour lutter encore plus efficacement contre l’insécurité routière, le général Christophe Perret, commandant la gendarmerie en Guadeloupe, indiquent que différentes mesures ont été mises en place.

Déjà, nos avons augmenté notre présence de sécurité routière. Nous avons multiplié par deux nos services de prévention, notamment en direction des jeunes. Et nous nous concentrons sur les infractions les plus graves génératrices d’accident.

En 2024, les conduites addictives (sous alcool et stupéfiants) sont en cause dans un accident mortel sur deux en zone gendarmerie.

Depuis le début de l’année, la gendarmerie a procédé à 1 000 rétentions de permis de conduire.

En zone police, cinq personnes ont perdu la vie depuis le début de l’année. Et le directeur territorial de la police nationale, Christophe Gavat constate que ces décès sont liés à des conduites extrêmement dangereuses.

La plupart des victimes sont des piétons ou des cyclistes par des automobilistes qui, parfois, étaient en état d’ivresse. Christophe Gavat constate, lui aussi, une hausse de la conduite addictive (alcool et stupéfiants).


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