[EN IMAGES] Au Lamentin, des affrontements entre policiers et manifestants contre la vie chère
La situation s’est tendue en fin de matinée ce lundi 7 octobre, après le déblocage du rond-point de Mahault. Jets de pierre et tirs de grenades lacrymogènes ont opposé les deux parties. Le président du RPPRAC a été blessé à la cuisse et à la main.
Des échauffourées ont éclaté en fin de matinée du côté de Mahault. Alors que les forces de l’ordre, et notamment la CRS 8 arrivée il y a quelques jours en Martinique, se sont rendues sur place pour dégager les accès, la tension est montée d’un cran.
Des engins ont été dépêchés sur place pour pouvoir tracter les poids-lourds et retirer les blocs de béton déplacés en travers de la route.
Si la circulation, coupée par des poids-lourd depuis 4 h du matin, a été rétablie à partir de 10h30, générant parfois un dialogue tendu entre les militants du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes), les deux deux parties se sont ensuite affrontées à coups de jets de pierre d’un côté et de gaz lacrymogènes.
Rodrigue Petitot s'est blessé
Dans des conditions qui restent assez confuses à ce stade, Rodrigue Petitot, le président du RPPRAC aurait été blessé à la cuisse et à la main. Contrairement à ce qui circule, il ne serait pas blessé par balle. Il a été emmené aux Urgences du CHUM.
Dans un communiqué, le RPPRAC confirme la blessure du président de l'association.
Nous confirmons que notre président, Rodrigue Petitot, dit le R, a été pourchassé et blessé à la main et à la jambe. Par ailleurs, une riveraine, qui ne participait pas au rassemblement, a fait un malaise sur la voie publique, suite à des tirs de lacrymogènes répétés dans le bourg, comme le rapportent les réseaux sociaux. À notre connaissance, deux militants ont également été tabassés et placés en garde à vue
La police affirme, de son côté, que Rodrigue Petitot n'a jamais été pourchassé. Selon les policiers, c'est en escaladant un grillage qu'il se serait accroché et se serait blessé.
C'est d'ailleurs ce que semble montrer cette vidéo issue des réseaux sociaux.
Ce lundi soir, la préfecture tient d'ailleurs également à démentir les « nombreuses rumeurs propagées sur les réseaux sociaux ».
Elles « font état de ce que M. Rodrigue Petitot aurait été blessé par balles par les forces de l'ordre ce 7 octobre 2024, en marge du blocage du rond-point Mahault. Cette information est absolument fausse et cette rumeur totalement infondée », indique le Bureau de la communication interministérielle.
11 policiers touchés, 5 interpellations
De sources policières, 11 policiers ont été blessés dont un enquêteur judiciaire venu constater l'entrave à la circulation. Alors qu'il n'avait pas de casque, il aurait reçu une bouteille en pleine tête.
De nombreuses grosses pierres ont été lancées. Cinq personnes ont été interpellées selon la préfecture, notamment pour les jets de projectiles.
Dans son communiqué, le RPPRAC dénonce « avec la plus grande fermeté la répression policière exercée aujourd'hui dans la commune du Lamentin contre des Martiniquais pacifiques qui, depuis 38 jours, se mobilisent contre la vie chère en Outre-Mer ».
Nous ne tolérerons jamais l’usage de tirs de type LBD visant le visage et le cou des manifestants dans nos rues
Face à face au pont du Calebassier
Le conflit s’est ensuite déplacé au niveau du pont de Calebassier. La tension restait assez vive à la mi-journée.
Dans le bourg, certains commerçants ont préféré baisser leurs rideaux.
Les manifestants encore présents sur les lieux dénoncent l’entrave à leur droit de manifester et dénoncent avoir été gazés par les CRS.
Dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, Aude Goussard, la secrétaire du RPPRAC, apparaît bousculée assez violemment, alors qu'elle se serait interposée lors d'une interpellation.
Dans la matinée, elle s'était confiée à Florin Hossu, sur les suites de la mobilisation.
Si vous entendez les derniers micro-trottoirs des émissions interactives avec le peuple, il semblerait que depuis deux semaines, on reproche au RPPRAC d'être trop gentil. Donc, contrairement à ce qu'on peut entendre au niveau de l'adhésion populaire, il nous est demandé de durcir le mouvement. Nous faisons toujours dans la bienveillance et dans le pacifisme, nous veillons à ce que les infirmières libérales, les aides-soignantes des hôpitaux puissent se déplacer librement. Nous faisons nos barrages et nous laissons passer les personnels essentiels à la Martinique. On prévoit un Blackout. À l'instar de la Corse, nous l'avons vu : un port, un aéroport, moins de trois jours de négociations et c'était acté. Pourquoi nous, nous en sommes au 38ᵉ jour ? À un moment donné, je pense qu'on n'a pas besoin d'être des Corses parce que nous ne serons jamais des Corses, mais nous avons notre voix à faire entendre et ce sera par un blackout visiblement, parce que malgré nos efforts pacifiques, rien n'avance. On a peut-être besoin de nous avoir à l'usure, mais ce ne sera pas possible.