La Guadeloupe a-t-elle un problème avec ses enfants devenus cadres dirigeants ?
Cette question a été remise au goût du jour avec le récent épisode du conflit à EDF PEI. Le Syndicat a demandé, comme l’an dernier, qu’un représentant de Paris vienne avec un mandat suffisant pour engager l’entreprise. Demande jugée désastreuse et qui a mis le feu aux poudres en relançant le débat des difficultés des cadres guadeloupéens à travailler chez eux.
C'est un sujet brûlant et nombreux sont les Guadeloupéens à ne pas être insensibles aux difficultés rencontrées par les cadres dirigeants dès lors qu'ils exercent en Guadeloupe. Pour certains, il s'agit d'une vieille rengaine.
Des schémas qui se reproduisent
Le phénomène est bien plus fréquent qu'on ne l'imagine. Karine Gatibelza, la présidente de l'association Femme Outre-Mer pense notamment à l’expérience de l’ancien directeur du CHU de Guadeloupe.
Nous avons simplement envie qu'il ne se reproduise pas ce qu'on peut qualifier de syndrome Cotellon et qu'il n'y ait pas un bashing systématique des cadres locaux. Ça ne met pas la Guadeloupe en avant, ça ne porte pas les couleurs de notre belle île qui est un exemple de solidarité. Et ça ne fait qu'aggraver les situations de tension entre nous-mêmes.
L’association a réagi après ce qui a été qualifié de désaveu pour la directrice d’EDF PEI, Gaëlle Paygambard. La FE CGTG a indiqué qu'elle attendait un interlocuteur parisien avec mandat pour engager la société dans les négociations. Attitude jugée sexiste par la FOM. « Faux », a répondu le syndicat qui rappelle que l'an dernier, la même demande avait été faite alors que le directeur n'était en rien un autochtone. Pourtant, certains y voient une habitude de renier nos forces vives.
Une déception générale
Florilège de réactions recueillies dans l’émission « Qu'en pensez-vous ? » :
Nous nous battons pour que nos enfants puissent revenir ici en Guadeloupe, et c'est cette publicité-là que nous faisons. Respectons-nous. Et aidons justement nos enfants qui ont fait tant d'années d'études pour revenir au pays.
Je suis triste, j'ai honte. Quelle place voulez-vous donner à nos Antillais, femmes ou hommes ?
Cette histoire de « fanm-la », oui, ça, c'est déjà quelque chose de franchement déplorable. Il n'y a pas de raison pour que les autres soient traités autrement et que pour les Antillais, il y a un régime qui est différent de la part des Antillais.
Chacun y va de son avis, reste à savoir si, effectivement, voir nos semblables à de hautes responsabilités crée une jalousie maladive. Mais peut-être devrait-on aussi se poser la question de savoir si les responsabilités changent également les hommes.
Max Mathiasin a également réagi à ce sujet dans l’émission « Parlons vrai » avec Laura Latchan. Le député de Guadeloupe regrette l’image donnée de la Guadeloupe. Écoutez son propos.