En Martinique, l’hommage aux victimes du crash de la West Caribbean
Le 16 août 2005, 152 familles martiniquaises perdaient un ou plusieurs proches dans le crash de l'avion de la West Caribbean au Venezuela. Hier (vendredi 16 août), plusieurs commémorations ont été organisées en Martinique pour leur rendre hommage et une action coup-de-poing.
Hier (vendredi 16 août), la Martinique commémorait les 19 ans du crash de la West Caribbean.
Le 16 août 2005, alors qu'ils revenaient d'un voyage au Panama, 152 Martiniquais ont trouvé la mort dans le crash de leur avion au Venezuela, ainsi que 8 membres d'équipage.
Plusieurs moments de recueillements ont été organisés par l’association des familles des victimes (AVCA) tout au long de la journée.
Au programme : un dépôt de gerbe à 9 heures, près de la stèle à Basse-Pointe ; à 11 h 30 au Saint-Esprit et à 14 heures près de la stèle François Mitterrand, à Fort-de-France.
Une action coup-de-poing
Une action coup-de-poing a également été menée, qui n’était pas au programme de la journée de commémoration de l’AVCA.
Une vingtaine de cercueils blancs en carton ont été déposés devant les grilles de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), à l’aéroport Aimé-Césaire.
Un geste fort pour les familles de victimes qui tiennent le gendarme français de l'aérien en partie responsable du crash, comme l’explique Rose-Marie Taupin Pélican, présidente de l’AVCA.
Nous tenions à venir devant la DGAC qui est la première responsable, parce qu'il n'y aurait pas eu d'autorisation de vol, il n'y aurait pas eu de vol, il n'y aurait pas eu d'avion. Des Martiniquais ne seraient pas montés, l’avion ne serait pas tombé au Venezuela et nous n'aurions pas perdu nos 152 compatriotes.
Des avions mal entretenus
Le rôle de la DGAC est depuis longtemps pointé du doigt par l'association. L'organisme n'aurait, selon elle, pas réalisé de contrôle poussé de la West Caribbean, une compagnie dotée d'avions mal entretenus et qui était financièrement mal en point.
Francine a perdu son père et sa belle-mère le 16 août 2005.
Quand je vois que la DGAC de Paris donne l'autorisation à un avion qui était en mauvais état et tout ça et qu'on ne nous donne pas la vérité sur ce qui s'est passé. On est toujours comme ça, dans l'attente d'une vérité qui va éclore un jour, espérons. Mais peut-être que ça ne viendra pas de la justice française.
Me Raphaël Constant, avocat de l’AVCA, a expliqué au micro de Matteo Pasteau pourquoi avoir choisi de réaliser cette action devant les locaux de la DGAC. Et quel aurait été, selon lui, le rôle de cet organisme dans le crash.
A ECOUTER Me Raphaël Constant, avocat de l’AVCA
La cour européenne des droits de l'homme saisie
La justice française a confirmé le non-lieu dans cette affaire, mais cette décision ne passe pas. Me Constant a donc saisi la cour européenne des droits de l'homme, dernier recours judiciaire possible.
La cour européenne de Strasbourg ne peut se pencher que sur le fait que la justice française n'a pas respecté le droit des victimes à la vérité. Mais que nous ne pouvons pas, à Strasbourg, avoir la vérité sous les causes du crash. Donc, ça reste encore un débat et un défi à relever.
Si la Cour européenne des droits de l'homme estime que les droits des justiciables martiniquais n'ont pas été respectés, l'État français devra leur verser une indemnité financière, mais a priori, il n'y aura, quoi qu'il arrive, pas de nouveaux procès sur le fond.