Sécheresse : un nouveau coup dur pour bon nombre d’agriculteurs
Ce mercredi 8 mai, nous sommes partis à la rencontre de Moïse Chérubin, agriculteur à Rivière-Salée, nouvelle cité. Cultivateurs de pitaya aussi appelé fruit du dragon, Moïse Chérubin est confronté à un épisode de sécheresse particulièrement difficile. Les fruits de sa récolte sont grandement menacés par le problème d’irrigation de sa plantation. Reportage.
Pas d’eau, pas d’argent. C'est le constat sans appel que font nombre d’agriculteurs pendant le carême. Et c’est aussi le cas de Moïse Chérubin, agriculteur à Rivière-Salée. Au départ, il était basé au Morne-Rouge. Mais en raison d’un terrain chlordéconé, l’agriculteur a été déplacé par la CTM (collectivité territoriale de Martinique) sur son terrain actuel où il cultive, seul, 450 pieds de pitayas rouge et blanc sur 7000 m².
Cependant, ce terrain, tout comme ceux avoisinants, n’est pas raccordé à l’eau, un handicap à l’année qui paralyse d’autant plus l’activité en période de sécheresse et prive l’agriculteur de ses revenus.
Un cruel manque d’eau
Moïse Chérubin, ne connaît que l’agriculture comme métier et qu’il y ait ou pas de l’eau, il se rend quotidiennement sur son terrain.
« C'est labouré en profondeur jusqu'à 40, 50 centimètres et c'est sec. Il n'y a pas une goutte d'humidité. Qu'est-ce que vous voulez planter dans ça ? », lance-t-il désabusé.
Il n'y a pas un endroit épargné par la sécheresse, et le pitaya, variété de cactus connus pour stocker l'eau, sait montrer quand les réserves sont écoulées.
Les plantes n'arrivent même pas à s'accrocher sur les supports. Normalement, les racines s'agrippent au support. Là, les racines sont en train de lâcher. Aujourd'hui, on constate que ça commence à jaunir sérieusement et les rameaux commencent à sécher sur eux-mêmes. Ils se referment. Ce sont les branches porteuses de fruits. Les rameaux qui ont des fruits et des fleurs dessus ne donneront pas un fruit qui sera commercialisable parce qu'il n'y a pas d'eau. À moins que le ciel m'envoie de l'eau dans une semaine, là, peut-être que ça va reprendre.
Aucune visibilité sur le rendement
Le bilan du manque d'installation d'eau et de la sécheresse est, pour Moïse Chérubin, pas bien compliqué à tirer.
Si ça continue, je pense qu'il n'y aura pas de production comme l'année dernière. L'année dernière, sur 250 pieds, je n'ai pas fait 200 kilos de pitayas.
En temps normal, sur 100 pieds de pitayas, il récolte entre 1,5 tonne et 2 tonnes. Pour cette année, difficile d’être optimiste de faire des prévisions.
À la question « avez-vous un plan B pour vivre ? », Moïse répond :
Non, il n'y a que ça. Ici, quand j'arrive ici le matin, je ne gagne pas un centime.
Pour tenter de faire évoluer la situation, l'agriculteur a interpellé son syndicat, l'OPAM (Organisation patriotique des agriculteurs de Martinique), pour que ces derniers fassent un point sur les travaux d'irrigation avec la CTM.
Pour qu’il y ait de l’eau sur le terrain, les travaux d’irrigation ont commencé depuis 2018, mais ne sont toujours pas achevés.