Des casiers de pêche vandalisés dans la réserve Falco au Prêcheur
Des nasses de pêche ont été détruites dans la réserve Albert Falco au Prêcheur dans une zone où la pratique est pourtant autorisée. Elus et pêcheurs montent au créneau.
De nouveaux actes de vandalisme, en l’occurrence de destructions de casiers de marins-pêcheurs, ont été observés dans la réserve naturelle territoriale du Prêcheur, Albert Falco.
Les faits se sont déroulés il y a environs deux semaines. Depuis la mise en place de cette réserve, en 2014, ce n’est pas la première fois que ce type de dégradations de matériels de pêche est relevé. L’association des marins pêcheurs de la ville a déjà déposé plainte.
Steeve Robert, le président du syndicat des marins-pêcheurs de la commune, a annoncé de nouveaux dépôts de plainte. Ses soupçons se portent sur des plongeurs amateurs :
C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Ça fait un moment que ça dure et je pense que là, il faudrait faire quelque chose parce que là, on n'en peut plus. C'est toujours nous qui trinquons dans cette affaire. Là, on n'en peut plus. On va monter au créneau encore une fois. On ne se bat pas contre les gens qui viennent plonger, mais nous soupçonnons les gens qui viennent vandaliser nos casiers. Parce qu'il faut savoir qu'il y des gens qui vont faire leur formation de plongée dans des clubs de plongée. Et après, ils achètent ou louent leur matériel. Et ce sont ces mêmes personnes-là qu'on retrouve sous l'eau qui détruisent nos matériels. Ces gens-là, ils partent du bord, ils ne portent pas des bateaux de plongée
Steeve Robert a constaté de lui-même la présence de ces plongeurs indélicats
Ça fait environ deux mois, j'ai surpris des gens qui sortaient des Anses d'Arlet et qui sont venus plonger au Prêcheur. Et ces gens-là, je leur ai demandé ce qu'ils faisaient là parce que c'était une zone où je n'ai pas l'habitude de voir de plongeur. Ils m'ont dit qu'ils étaient là juste pour visiter le fond. Et trois jours après, j'ai été soulever mes casiers, j'ai trouvé mes casiers vandalisés
Pour alerter l’opinion publique, le Parc naturel régional qui gère le site a organisé une conférence de presse hier (6 mai 2024) pour rappeler l’intérêt du partage raisonnable entre les activités de loisirs et professionnels.
Le président du comité de gestion de la Réserve, David Zobda, a rappelé cette nécessité :
Il faut évidemment que l'on soit dans le partage. Je l'ai dit et exprimé, on ne fait pas une réserve contre les gens, contre les associations, contre les marins-pêcheurs, contre les écologistes. Au contraire, on fait une réserve pour qu'elle soit bien acceptée de tous avec des objectifs communs. C'est pourquoi nous avons des espaces de concertation. Le comité de gestion que nous mettons en place régulièrement est un espace de concertation qui recueille les avis de chacun, que je préside à ma qualité de conseiller exécutif de la collectivité territoriale. Tous les sujets sont abordés avec les représentants de l'État avec les représentants des associations, y compris les associations de plaisanciers, avec les marins-pêcheurs, la ville du Prêcheur, Cap Nord, etc. Il y a de vrais espaces de discussion et les décisions sont prises et doivent être partagées par tout le monde, puisque nous les prenons de manière collective. Il n'est pas normal qu'une situation comme celle-là se présente sur une zone autorisée à la pêche
Identifier les responsables
David Zobda a également pointé du doigt ceux s'en prennent aux pêcheurs :
Il faut vraiment que l'on pointe du droit ceux qui agissent de la sorte, en dépit de la réglementation, en dépit du droit. Ils se croient autorisés plus que d'autres à défendre la nature. C'est un leurre, c'est complètement faux. C'est une conception du partage de l'espace maritime qui n'est pas la mienne, en tout cas, et nous dénonçons fermement ces dégradations qui sont opérées sur les casiers des marins-pêcheurs. Nous savons très bien que la pêche artisanale que nous avons en Martinique n'est pas une pêche destructionnelle que l'on soit à la senne ou que l'on soit en casier, c'est une pêche, au contraire, qui préserve l'environnement
Marcelin Nadeau, député du Nord et l'un des instigateurs de la réserve Albert Falco, veut que les auteurs de ces dégradations soient retrouvés et punis :
Une réserve, c'est fait pour réguler des conflits d'usage. Une réserve, c'est aussi un espace de négociation entre des acteurs, des usagers différents. Et la réserve du Prêcheur, comme toute réserve, a cette vertu-là. Sauf qu'il y a un certain nombre de personnes qui, du haut de ce qu'ils pourraient interpréter comme une sorte d'autorité morale, écologiste, voudraient donner des leçons à nos marins-pêcheurs. Aujourd'hui, ils s'en prennent au matériel de nos marins-pêcheurs dans des zones où l'utilisation de certains engins comme les nasses est autorisée. Nous trouvons ça inadmissible. Et ce que nous trouvons inadmissible, c'est que ces personnes-là ne soient ni identifiées, ni poursuivies et ni sanctionnées. Aujourd'hui, nous demandons pour respecter le travail des marins pêcheurs, mais aussi dans l'intérêt du processus de mise en place de la réserve, qu'il y ait une enquête qui permette de déterminer leur identité et qu'elles soient dûment sanctionnées
Cette Réserve Naturelle marine d’une superficie de 598 ha s’étend de l’embouchure de la rivière Trois Bras au nord, à la Pointe Lamare au sud et englobe des sites d’exception : les îlets La Perle et Sous-marin, les site de plongée de la Citadelle et des canyons de Babodi, sans oublier ses Anses (Couleuvre, Céron…).
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