3 ans de prison pour l'auteur des menaces avec arme sur un médecin des Urgences
Le prévenu, âgé de 26 ans, a comparu aujourd’hui (lundi 29 avril), selon la procédure de comparution immédiate pour avoir menacé un médecin avec une arme. Il a reconnu les faits mais tenté de les minimiser.
« Cela ne ressemblait absolument pas à une arme factice. Un outil qui tue n'a rien à faire dans un endroit où on est sensé maintenir la vie ». À la barre des comparutions immédiates, le médecin des Urgences du CHU de Martinique, est encore sous le choc de ce qui s’est passé, dimanche dernier (21 avril).
Dans la matinée, un homme qui accompagnait une patiente a été particulièrement menaçant. Le suspect, jugé ce lundi selon la procédure de comparution immédiate, est notamment poursuivi pour avoir menacé le professionnel de santé, pointant une arme sur sa poitrine. Des faits qui ont poussé la direction du CHUM à renforcer les mesures de sécurité, pour l'accès aux Urgences.
À l’audience, le prévenu reconnaît les faits mais les minimise. Il explique s'être senti menacé par le vigile et indique avoir paniqué après l'accident de moto, en se sentant responsable. Selon ses explications, il était aussi marqué par une soirée, la veille, en mémoire d'un ami mort d'une balle dans la tête.
« Une arme factice », selon le prévenu
Il affirme que l'arme utilisée à l'hôpital était une arme factice, scotchée avec un vrai chargeur. Le jeune homme de 26 ans soutient n'avoir jamais voulu menacer le personnel soignant car, indique-il, il dirigeait toujours son canon vers le bas.
Le prévenu demande à voir les vidéos, pour confirmer ses dires et notamment qu'il est bien à plus de 2 mètres et que le canon est vers le bas. La procureure nuance ces propos, assurant que les vidéos ne montrent pas tout et que les témoins témoignent du contraire.
Dans la première vidéo du sas, avant la zone de soins, le prévenu apparaît en train de faire des aller-retours, avec son arme en mains, pointée vers le bas. Il tape dans la porte, porte la jeune femme et l’embrasse.
Un peu plus tôt, les deux assuraient pourtant ne pas se connaître. « On dirait bien que vous êtes à son goût », ironise le président. Le prévenu rétorque qu’ils ne sont pas ensemble et ne partagent rien.
Sur les faits, il soutient que le médecin n'aurait pas dû intervenir, a envenimé les choses et « s'est mêlé de ce qui ne le regardait pas ». Consternation dans la salle.
3 ans de prison requis
Le prévenu, qui a expliqué porter une arme « pour le feeling » dans ses dépositions, après son interpellation par les policiers du Raid, « tchipe » et verse quelques larmes. Pour lui, ce sont les autres qui font preuve de mauvaise foi.
Trois parties civiles se sont constituées et s’expriment à la barre, une infirmière, le médecin et la policière. Cette dernière, qui a déposé plainte, décrit « un comportement excessif et beaucoup d'insultes ». Elle rajoute qu’elle a passé l’âge de se faire traiter de « vieille p… ».
Le médecin demande 6000 euros de dommages-intérêts pour son préjudice.
Dans ses réquisitions, la procureure de la République requiert 3 ans de prison, assortis d'un maintien en détention. Elle prononce la révocation de son sursis probatoire et l’interdiction de détenir ou de porter une arme pendant 15 ans.
Maintien en détention
Du côté de la défense, l’avocate du mis en cause, Me Maya Saxémard, évoque un comportement « maladroit » mais assure qu’il s’agit « d’un acte isolé qui ne se reproduira pas ». Elle demande une obligation de poursuivre une formation pour lui permettre de s'insérer. Elle sollicite une peine mixte avec un aménagement possible pour donner un sens à la peine. Qu’elle soit assez longue, mais pas trop, pour lui permettre de réfléchit, tout en construisant son avenir en reprenant un travail pour indemniser les parties civiles.
Après délibéré, le mis en cause est reconnu coupable des faits. Il écope d’une peine de 3 ans de prison ferme. Le tribunal ordonne maintien en détention et prononce la saisie des biens : armes, chargeur, munitions. Il a interdiction de porter et détenir une arme pendant 15 ans.
La justice reconnaît les constitutions de parties civiles des trois victimes qui se sont constituées : 2000 euros pour le médecin, 1000 euros pour l'infirmière d'accueil et 300 euros pour la policière outragée.
Pour Ludovic Romain, l'avocat du médecin, la sanction prononcée est « très lourde ».
Tout au long de l'audience, le caractère inadmissible de la présence d'une arme à feu, dans une enceinte hospitalière a été soulevé mais aussi le fait que cette arme soit pointée sur l'opérationnel soignant. Je crois que c'est le dernier endroit au monde où on a envie de voir quelque chose capable de donner la mort. Et le tribunal l'a vraiment évoqué. Et c'est pour ça que la sanction est très lourde au regard de ce qui s'est passé. Le prévenu dort à Ducos. C'est un message envoyé parce que les victimes sont deux personnes qui veulent aider l'autre, qui sont là jour et nuit et ne comptent pas leurs heures. Le minimum aurait été de vraies excuses. Le prévenu a évité soigneusement d'aborder cet aspect-là, il s'est enfermé dans un déni et peut-être même dans une forme de légèreté.