Nathalie Guillier-Tual, un manager de Rhums AOC Martinique dans le cercle fermé du Luxe
Par Jean-Philippe LUDON, @jpludonrci
04/02/2017 - 12:46
• Mis à jour le 18/06/2019 - 15:15
Martinique
Présidente de BBS (Bellonnie, Bourdillon & Successeurs), Nathalie Guillier-Tual a reçu, mardi 31 janvier 2017 à Paris, le trophée des Talents et de la Création 2017 (catégorie Talent du Management). C'était en clôture du 15ème Sommet du luxe organisé par le Centre du Luxe et de la Création. Le jury a voulu saluer "son engagement à valoriser le rhum de Martinique avec Trois Rivières, l'une des trois marques de son groupe.
Nominée pour le Talent du Management 2017, Nathalie Guillier-Tual,
la présidente de BBS, ne croyait pas vraiment pouvoir obtenir ce trophée
prisé par les grandes marques de luxe.
Face à la directrice générale de Kenzo Parfums Patricia Tranvouëz, à la présidente de l'Atelier Midavaine Anne Midavaine et à Marc Chaya, le président et co-fondateur de la Maison Francis Kurkdjian, Nathalie Guillier-Tual ne cessait de dire, à l'approche des résultats du concours et tout en croisant les doigts, qu'elle n'avait guère de chance de se voir attribuer un tel trophée.
...Mais là, on n'est pas dans le monde des spiritueux. On est dans la joaillerie, la haute couture, la mode, la sellerie de luxe, des grands noms. Et dans les quatre nominés, il y avait une grande marque de parfum (NDLR : Kenzo Parfums), et je dois avouer que je n'imaginais pas qu'on puisse gagner", nous confiera-t-elle encore lors d'un entretien dans le luxueux hôtel parisien du "Royal Monceau", deux jours après la remise de son prix.
Sur le parcours qui l'a conduit à ce prix du Talent du management 2017, on découvre d'abord qu'elle est diplômée d'une grande École de Commerce :
"Diplômée d’HEC, Nathalie Guillier-Tual est spécialisée dans la direction opérationnelle de groupes industriels multiculturels opérant à l’international. Elle rejoint en 2004 le groupe Chevrillon pour diriger son activité d’imprimerie et ses 20 sites industriels en Europe. Elle découvre et partage ensuite la passion du rhum aux cotés de Cyrille Chevrillon qui la nomme en 2012, présidente du groupe BBS, regroupant les marques Trois Rivières, Maison La Mauny et Duquesne.
Au-delà de son engagement pour la société BBS, Nathalie Guillier-Tual se mobilise pour la reconnaissance de la filière Rhum des DOM et pour le développement économique de la Martinique. Reconnue par ses pairs, elle est élue : présidente de la Délégation Martinique du CIRT DOM, Vice-Présidente du CODERUM et Vice-Présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Martinique.
Son ambition aujourd’hui : faire rayonner Trois Rivières en Martinique, en métropole et sur les marchés internationaux et l’imposer comme le référent français des rhums haut de gamme".
Mais alors, comment parvient-on à obtenir une telle distinction ? Pour ce manager, tout commence sur le Salon Mondial des Vins à Bordeaux, il y a près de deux ans. Plus précisément à Vinexpo 2015 qui s'est tenu du 14 au 18 juin.
L'histoire d'une rencontre...
Et tout commence par une rencontre au hall 3 -Stand 333. C'est celui de BBS à Vinexpo.
Laurie Matheson, la directrice Vins et Spiritueux Artcurial est séduite par l'histoire des rhums Trois Rivières et l'aventure de l'AOC Rhums Martinique que lui raconte Nathalie Guillier-Tual.
En somme, c'est l'histoire du positionnement "haut de gamme" d'une marque confrontée à la concurrence internationale. Laurie Matheson lui propose alors de s'inscrire au concours Les Talents du Luxe et de la Création organisé chaque année à Paris par "Le Centre du Luxe et de la Création". La directrice d'Artcurial sait de quoi elle parle. Elle fait justement partie du jury appelé à décerner ce prix.
L'histoire de ce rhum AOC Martinique séduit également les autres membres du jury. Sur des centaines de marques identifiées, ils sélectionnent dans une short list la présidente de BBS et les managers de trois grandes marques de luxe. . Puis, lors du dîner de gala du sommet du Luxe et de la Création, le 31 janvier 2017, Mme Guillier-Tual se voit attribuer le prix très convoité du Talent du Management 2017.
Nathalie Guillier-Tual avec son trophée "Talent du Management" © DR
Toute émue, elle reçoit son trophée des mains de Laurie Matheson et de Jean-Marc Gaucher, le Président Directeur Général de Repetto. La scène se passe dans les salons du Cercle de l’Union Interalliée, rue du Faubourg Saint-Honoré dans le 8ème arrondissement à Paris.
"Pour moi, c'est une grande reconnaissance, d'une part, de voir en si peu de temps, puisque ça fait trois ans que nous avons relancé la marque Trois Rivières, de voir qu'elle est aujourd'hui mise au niveau de grands noms du luxe, oui, ça fait plaisir ! On est ému quand ça arrive. Et puis, c'est, je pense, une grande récompense pour toutes les équipes et on est très fier.
Un prix comme ça, nous fait dire qu'on est dans la bonne direction. Et il faut qu'on la continue. C'est un travail de construction de marque. On ne décide pas du jour au lendemain d'être une marque de luxe. Je crois que si on fait cela, on est fichu. On ne va pas y arriver. C'est un travail de tous les jours".
Et peut-être même un combat de tous les jours ? Nathalie Guillier-Tual reconnaît s'être posé la question : qu'est ce qui fait que l'on est un manager de luxe ou pas ? Sa réponse fuse en deux mots : l'exigence et l'excellence.
"Quand vous êtes dans le luxe, dit-elle, c'est zéro défaut et vous n'avez pas droit à l'erreur. Et ça, c'est tout le travail qu'il va falloir qu'on continue de faire. C'est de ne pas décevoir nos clients, de continuer à innover tout en étant dans la tradition et en ne perdant pas notre âme. Parce que notre rhum a un ADN et on doit rester dans cette ADN tout en renouvelant nos produits.
C'est un challenge qui n'est pas facile et c'est un challenge qui doit être réalisé dans une grande exigence. C'est ça notre travail maintenant. Maintenant qu'on est rentré dans ce petit cercle fermé du Luxe. Ça veut dire, qu'il faut qu'on soit plus exigeant avec nous".
Et déjà son regard est tourné vers un proche avenir.
"Nous allons accueillir en avril, dit-elle, les demi-finalistes d’un grand concours Trois Rivières Rhumbellion. La demi-finale va avoir lieu, (le 21 février 2017 à l'Alcazar) à Paris. Et sur ces vingt sélectionnés, six personnes vont venir en Martinique.. Et là, on aura des "bartender" qui viennent du monde entier, d’Australie, de New-York, de Paris. C’est ça être une marque de luxe !
Jean-Philippe Ludon, @jpludonrci
Propos recueillis par Kenzo Marcelin à Paris pour RCI.
Face à la directrice générale de Kenzo Parfums Patricia Tranvouëz, à la présidente de l'Atelier Midavaine Anne Midavaine et à Marc Chaya, le président et co-fondateur de la Maison Francis Kurkdjian, Nathalie Guillier-Tual ne cessait de dire, à l'approche des résultats du concours et tout en croisant les doigts, qu'elle n'avait guère de chance de se voir attribuer un tel trophée.
...Mais là, on n'est pas dans le monde des spiritueux. On est dans la joaillerie, la haute couture, la mode, la sellerie de luxe, des grands noms. Et dans les quatre nominés, il y avait une grande marque de parfum (NDLR : Kenzo Parfums), et je dois avouer que je n'imaginais pas qu'on puisse gagner", nous confiera-t-elle encore lors d'un entretien dans le luxueux hôtel parisien du "Royal Monceau", deux jours après la remise de son prix.
Du diplôme d'HEC au rayonnement du rhum AOC de Martinique
Sur le parcours qui l'a conduit à ce prix du Talent du management 2017, on découvre d'abord qu'elle est diplômée d'une grande École de Commerce :
"Diplômée d’HEC, Nathalie Guillier-Tual est spécialisée dans la direction opérationnelle de groupes industriels multiculturels opérant à l’international. Elle rejoint en 2004 le groupe Chevrillon pour diriger son activité d’imprimerie et ses 20 sites industriels en Europe. Elle découvre et partage ensuite la passion du rhum aux cotés de Cyrille Chevrillon qui la nomme en 2012, présidente du groupe BBS, regroupant les marques Trois Rivières, Maison La Mauny et Duquesne.
Au-delà de son engagement pour la société BBS, Nathalie Guillier-Tual se mobilise pour la reconnaissance de la filière Rhum des DOM et pour le développement économique de la Martinique. Reconnue par ses pairs, elle est élue : présidente de la Délégation Martinique du CIRT DOM, Vice-Présidente du CODERUM et Vice-Présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Martinique.
Son ambition aujourd’hui : faire rayonner Trois Rivières en Martinique, en métropole et sur les marchés internationaux et l’imposer comme le référent français des rhums haut de gamme".
Mais alors, comment parvient-on à obtenir une telle distinction ? Pour ce manager, tout commence sur le Salon Mondial des Vins à Bordeaux, il y a près de deux ans. Plus précisément à Vinexpo 2015 qui s'est tenu du 14 au 18 juin.
L'histoire d'une rencontre...
Et tout commence par une rencontre au hall 3 -Stand 333. C'est celui de BBS à Vinexpo.
Laurie Matheson, la directrice Vins et Spiritueux Artcurial est séduite par l'histoire des rhums Trois Rivières et l'aventure de l'AOC Rhums Martinique que lui raconte Nathalie Guillier-Tual.
En somme, c'est l'histoire du positionnement "haut de gamme" d'une marque confrontée à la concurrence internationale. Laurie Matheson lui propose alors de s'inscrire au concours Les Talents du Luxe et de la Création organisé chaque année à Paris par "Le Centre du Luxe et de la Création". La directrice d'Artcurial sait de quoi elle parle. Elle fait justement partie du jury appelé à décerner ce prix.
L'histoire de ce rhum AOC Martinique séduit également les autres membres du jury. Sur des centaines de marques identifiées, ils sélectionnent dans une short list la présidente de BBS et les managers de trois grandes marques de luxe. . Puis, lors du dîner de gala du sommet du Luxe et de la Création, le 31 janvier 2017, Mme Guillier-Tual se voit attribuer le prix très convoité du Talent du Management 2017.
Nathalie Guillier-Tual avec son trophée "Talent du Management" © DR
Toute émue, elle reçoit son trophée des mains de Laurie Matheson et de Jean-Marc Gaucher, le Président Directeur Général de Repetto. La scène se passe dans les salons du Cercle de l’Union Interalliée, rue du Faubourg Saint-Honoré dans le 8ème arrondissement à Paris.
"Pour moi, c'est une grande reconnaissance, d'une part, de voir en si peu de temps, puisque ça fait trois ans que nous avons relancé la marque Trois Rivières, de voir qu'elle est aujourd'hui mise au niveau de grands noms du luxe, oui, ça fait plaisir ! On est ému quand ça arrive. Et puis, c'est, je pense, une grande récompense pour toutes les équipes et on est très fier.
Un prix comme ça, nous fait dire qu'on est dans la bonne direction. Et il faut qu'on la continue. C'est un travail de construction de marque. On ne décide pas du jour au lendemain d'être une marque de luxe. Je crois que si on fait cela, on est fichu. On ne va pas y arriver. C'est un travail de tous les jours".
Et peut-être même un combat de tous les jours ? Nathalie Guillier-Tual reconnaît s'être posé la question : qu'est ce qui fait que l'on est un manager de luxe ou pas ? Sa réponse fuse en deux mots : l'exigence et l'excellence.
"Quand vous êtes dans le luxe, dit-elle, c'est zéro défaut et vous n'avez pas droit à l'erreur. Et ça, c'est tout le travail qu'il va falloir qu'on continue de faire. C'est de ne pas décevoir nos clients, de continuer à innover tout en étant dans la tradition et en ne perdant pas notre âme. Parce que notre rhum a un ADN et on doit rester dans cette ADN tout en renouvelant nos produits.
C'est un challenge qui n'est pas facile et c'est un challenge qui doit être réalisé dans une grande exigence. C'est ça notre travail maintenant. Maintenant qu'on est rentré dans ce petit cercle fermé du Luxe. Ça veut dire, qu'il faut qu'on soit plus exigeant avec nous".
Et déjà son regard est tourné vers un proche avenir.
"Nous allons accueillir en avril, dit-elle, les demi-finalistes d’un grand concours Trois Rivières Rhumbellion. La demi-finale va avoir lieu, (le 21 février 2017 à l'Alcazar) à Paris. Et sur ces vingt sélectionnés, six personnes vont venir en Martinique.. Et là, on aura des "bartender" qui viennent du monde entier, d’Australie, de New-York, de Paris. C’est ça être une marque de luxe !
Jean-Philippe Ludon, @jpludonrci
Propos recueillis par Kenzo Marcelin à Paris pour RCI.