Les femmes, premières pénalisées par les défaillances du transport public en Martinique
Les membres de l'association féministe Culture Égalité ont affiché des messages dans divers arrêts de bus de Fort-de-France, pour sensibiliser les pouvoirs publics.
En Martinique, la précarité touche davantage les femmes que les hommes dans de nombreux domaines. Et les transports en font partie.
Plus nombreuses que les hommes dans les bus, elles pâtissent d’autant plus que les hommes des difficultés à se déplacer d’un point à l’autre dans l’île, et au sein même de Fort-de-France.
Les membres de l’association Culture Égalité tirent la sonnette d’alarme. Très souvent, déplorent-elles, elles embarquent ces passagères en souffrance pour les rapprocher de leurs destinations.
Pour faire bouger les services publics, elles ont, depuis le début de la semaine, placardé des messages dans divers arrêts de bus de la capitale :
« Soleil ka brilé nou ! la ka mouyé nou ! ban pou abri pou paré ! tout moun sé moun ». « 6 bus, 5 heures de trajets pour 5 h de travail ». « 70% de femmes dans le bus »
Une situation précaire
Faute de bus, ces femmes sont souvent obligées de se retourner vers les taxis collectifs, plus onéreux. Une double peine qui accroît encore leur précarité.
Et, pour elles, il est aussi difficile d’acheter une voiture vu leurs faibles moyens, avec ou sans enfants à charge.
Georges Arnaud, de l’association féministe Culture Égalité, confirme ce constat.
Nous croisons les femmes, nous les ramassons dans nos voitures et là, on voit toute la misère des femmes. Des femmes âgées, des enfants, elles vont travailler dans des situations de course permanente, elles arrivent en retard. Et même le soir, on voit des gens rentrer chez eux, sur les mornes. Des femmes s’endettent pour acheter une voiture pour aller travailler. Comment voulez-vous qu’après, elles puissent avoir des loisirs ?
Pour la militante, des solutions sont possibles à des coûts abordables afin de fluidifier les déplacements des personnes précaires.
Il faut les rencontrer et voir quels sont les besoins de ces gens-là, afin de mettre un bus qui va directement d’un endroit à un autre, sans avoir à prendre 3 ou 4 bus. Les heures d’attente sont insupportables. Quant aux abris, soit ils n’existent pas, soit ils sont en mauvais état. La gestion du transport doit répondre à l’intérêt général, en allant dans la proximité. Il y a des spectacles et ben, si on interroge les gens, quels sont ceux qui veulent y aller ? S’il y a 10 personnes, on met un bus à disposition pour ceux qui veulent aller et revenir. Sans grande extravagance et sans grands moyens financiers, il y a possibilité pour que les transports répondent aux besoins de la population, et particulièrement aux femmes. Sans compter les enfants qui arrivent en retard à l’école. C’est insupportable.
Selon Culture Egalité, les femmes sont bien les premières à subir l’organisation défaillante des transports collectifs.
À ÉCOUTER Le reportage de Debora Ambroisine