Couvre-feu à 20h, un dispositif « voué à l’échec » selon Éric Jalton
Le maire des Abymes, Éric Jalton, se montre défavorable à une extension du couvre-feu annoncé à 20 heures pour les mineurs à sa commune, à l’image de ce qui se fera à Pointe-à-Pitre dès cette semaine.
Après les annonces du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin de passage en Guadeloupe, la position du maire des Abymes, Éric Jalton, est claire. Il se dit défavorable au couvre-feu à 20 heures pour les mineurs. Interrogé par les autorités sur une éventuelle extension de ce dispositif sur son territoire, Éric Jalton a déclaré officiellement son opposition face à cette mesure.
Je réponds à une interpellation de l'État en disant que, pour notre part, aux Abymes, nous ne sommes pas intéressés par cette extension pour plusieurs raisons. Parce que, pour moi, il y a d'autres priorités en matière de lutte pour la sécurité des biens et des personnes et surtout la participation de plus en plus prégnante des jeunes mineurs à ces débits ou ces crimes. Les autres solutions, c'est évidemment la prévention tous azimuts pour un emploi, pour une formation, pour un logement, pour l'accès aux activités saines, sportives, culturelles, et j'en passe, de nos jeunes mineurs, notamment.
« Cela ne va pas marcher »
Pour le président de la communauté d’agglomération de Cap Excellence, il faut d’abord employer d’autres méthodes : « Ça passe aussi par la sanction appliquée très rapidement. Il y a aussi le renforcement de tout ce qui peut créer un terreau favorable, c'est-à-dire la lutte dès les frontières, contre le trafic de stupéfiants, d'immigrés, d'armes à feu, tout cela, qui créent des conditions parfois favorables à cette insécurité provoquée par notre jeunesse qu'il faut elle-même également sauver parce que ce sont nos enfants ».
Le respect d’un couvre-feu à 20 heures, Éric Jalton n’y croit pas :
Faire des jeunes de 18 ans, 17 ans, 16 ans, rentrer chez eux, vous pensez que c'est faisable en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre ? Non, ça ne va pas marcher. C'est un dispositif voué à l'échec.
D’autant plus que cette mesure priverait de nombreux jeunes d’activités qui les éloignent justement du chemin de la délinquance.
À 20 heures, il y a des jeunes qui font du sport, du football, du gwoka, des activités saines qui contribuent à les empêcher de tomber dans la délinquance. Quand on va leur priver de ça, on va créer encore davantage de conditions pour la délinquance de nos jeunes, notamment mineurs. Au moins proposer, 22 heures j'aurais pu commencer à discuter. Quoique je m'interrogerais pourquoi en Guadeloupe et pourquoi pas sur l'ensemble du territoire national ? Pourquoi cette discrimination ?
Dans un sondage* pour le Journal du Dimanche, Europe 1 et CNews, publié ce 21 avril, 67% des Français considèrent qu’il faudrait imposer un couvre-feu pour les mineurs à partir de 23 heures, et ce dans toutes les communes du pays.
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*Sondage réalisé par questionnaire autoadministré, les 18 et 19 avril, auprès d’un échantillon représentatif de 1.011 personnes âgées de 18 et plus, selon les méthodes des quotas.