« Un passé qu'on laisse et un avenir très incertain », Julia, Franco-Haïtienne, rapatriée d'Haïti vers la Martinique

Par 30/03/2024 - 07:00 • Mis à jour le 30/03/2024 - 21:07

C'est un douloureux voyage qu'ont effectué 243 ressortissants français et étrangers à bord des bateaux de la Marine Nationale, venue, avec l'armée française, les extirper du chaos en Haïti. Beaucoup ont dû abandonner, en urgence, des pans de vie entiers. Témoignages.

    « Un passé qu'on laisse et un avenir très incertain », Julia, Franco-Haïtienne, rapatriée d'Haïti vers la Martinique
Arrivée Tonnerre Haïti.

243 ressortissants français mais aussi étrangers (allemands, japonais, anglais ou encore haïtiens) ont été rapatriés d’Haïti hier en Martinique.

Cette vaste opération d'évacuation a été menée par le ministère des affaires étrangères, en coordination avec les Forces Armées aux Antilles.

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Trois navires de guerre (Ventôse, Dumont d'Urville et Tonnerre) ont été affrétés pour l’occasion et les ressortissants ont été évacués par hélicoptère depuis Port au Prince notamment. Avant de rejoindre les bateaux français et d’effectuer la traversée (trois jours) vers la Martinique.

La majorité de ces 243 « rescapés » doit arriver ce samedi midi (30 mars) à Paris par un vol spécial, parti hier soir, à 23h de l'aéroport Martinique Aimé-Césaire.

Forte émotion pour les familles

Avant le départ, l’émotion était encore très forte pour toutes ces familles, rassemblées au Palais des Sports du Lamentin. Elles ont livré des témoignages poignants.

À ECOUTER Témoignages de « rescapés » au micro de Florin Hossu

Julie, elle, est Franco-Haitienne. Après avoir vécu en France et en Amérique du Nord, elle avait décidé de rentrer au pays il y a 15 ans.

Cette évacuation reste pour elle un véritable traumatisme.

Je vis à Haïti, je travaille, j'ai des emprunts bancaires, j'ai commencé une nouvelle entreprise l'année dernière. Je suis très investie dans l'école de ma fille, au lycée français. S'en aller comme ça en deux heures, ce n'est pas évident, on a tout un passé qu'on laisse et on a un avenir très incertain. Mais c'est une chance inouïe qu'on a eue d'avoir eu tout ce déploiement pour venir nous chercher. Je ne m'attendais pas à trouver tout cet accompagnement, cette empathie. C'est un accompagnement exceptionnel qu'on a eu. C'est une chance mais aussi un déchirement

Melita Derizar est également Franco-Haïtienne. Elle vit en France depuis 44 ans. À la retraite, elle était venue en Haïti le 29 janvier visiter des proches et des enfants dont elle s'occupe.

rescapée Haïti

Quand je suis partie la situation était déjà difficile mais j'ai mon frère en ville, je suis restée à Port-au-Prince trois semaines avec lui avant de me rendre par avion dans la ville des Cayes, puis mon village en voiture. Là où j'étais, j'étais bien, pas sous le feu des balles et des bandits. J'étais inquiète surtout pour mon frère et pour les gens que je connais à Port-au-Prince

Au vu de la situation, ses enfants l'ont inscrit sur la liste de l'ambassade. 

On a reçu le message pour partir le matin à 7h20 et à 13h, il fallait être dans la ville des Cayes par ses propres moyens. C'était difficile mais l'évacuation a été extraordinaire. L'armée de terre et la marine nationale se sont occupées de nous et on nous a conduits jusqu'au grand bateau, au large. Je les remercie car ils ont été formidables, on n'imagine pas le travail que ces gens-là font pour sauver des gens. Bien sûr, je suis soulagée car je me demandais vraiment quand je pourrais repartir. Maintenant, je suis aussi très inquiète pour mes proches et pour l'avenir


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