Fin de vie : un projet de loi qui ne fait pas l’unanimité en Martinique
Le président de la République Emmanuel Macron a relancé la question de société sur l’aide à mourir en France. Fin mai, le projet de loi sera examiné par les députés à l’Assemblée Nationale.
C’est une épineuse question qui alimente les débats de société depuis des années. Emmanuel Macron, le président de la République, a relancé le sujet il y a environ une semaine, annonçant qu’un projet de loi sera examiné par le Parlement. La première mouture du texte arrivera à l’Assemblée Nationale le 27 mai prochain.
Le texte sur la fin de vie permettrait à certains patients souffrant de maladie graves, incurables et selon des conditions strictes de recevoir une substance létale pour les aider à mourir.
Le sujet divise, aussi bien les professionnels de santé que la population. Certains soignants estiment qu’il faudrait plutôt développer les soins palliatifs et maintenir une vie relationnelle avec les patients.
« La confiance, déjà difficile, sera plus compliquée »
Pour Ingrid Lodarin, cheffe de service des soins palliatif du CHU de Martinique, ce projet de loi va à l’encontre du serment d’Hippocrate.
Une partie du serment d’Hippocrate répond tout à fait à la philosophie des soins palliatifs : « je ne vais pas prolonger abusivement les agonies et je ne vais pas provoquer délibérément la mort ». C’est totalement ce qu’on fait tous les jours. Les demandes de personnes qui demandent à mourir sont extrêmement rares. Quand quelqu’un demande à mourir, il faut essayer de comprendre pourquoi : soit la personne ne veut pas souffrir, elle ne veut pas se retrouver seule ou être un poids pour ses proches. Quand on arrive à accompagner ces personnes, ces demandes disparaissent. Avec ce type d’actes légalisés, on peut se retrouver face à des professionnels qui vont arrêter de réfléchir. On a déjà cette mauvaise image : les personnes qui viennent en soins palliatifs se disent qu’elles vont mourir. Si, en plus, on leur dit : « ces personnes qui font des soins palliatifs, elles peuvent administrer la mort », la confiance, déjà difficile, sera encore plus compliquée
Les représentants des religions sont sur la même ligne et font entendre leurs arguments
Gilles Aïzo, Vicaire épiscopal du diocèse de la Martinique
Bien souvent, les personnes se disent : « je veux partir parce que je dérange, parce que je ne veux pas constituer un poids pour les autres ». La beauté de la parole de Dieu dit que nous ne sommes pas l’auteur de la vie, c’est un don de Dieu. Et si c’est un don de Dieu, il faut laisser l’auteur de la vie en décider. C’est le créateur qui a le dernier mot sur la vie humaine
À ÉCOUTER Le reportage complet de Myrtha Paller