« Hervé Pinto n’a pas saisi la main-tendue du parquet » (Clarisse Taron)
La procureure de la République de Fort-de-France Clarisse Taron s’est exprimée ce lundi (11 mars) sur l’incarcération d’Hervé Pinto mais aussi sur les violences survenues en marge hier.
Ce dimanche, Hervé Pinto a été interpellé et déféré au palais de justice de Fort-de-France. Il est actuellement placé en détention provisoire au centre pénitentiaire de Ducos.
Clarisse Taron, la procureure de la République, est revenue aujourd’hui, lors d’une conférence de presse, sur les motivations de la situation pénale de l’intéressé. Elle a d’abord rappelé qu’il faisait l’objet de deux procédures judiciaires distinctes : une première pour des menaces avec un nunchaku en compagnie d’une autre personne, ainsi que des actes d’intimidation contre des gendarmes ; une seconde, pour des actes d’intimidations, la détention d’une arme (une bombe lacrymogène), et l’enregistrement et la diffusion des propos d'une agent d’accueil d’un média à son insu.
Violations des contrôles judiciaires
Par deux fois, Hervé Pinto a été placé sous contrôle judiciaire conformément aux réquisitions du parquet. Mais la justice lui reproche de ne pas avoir respecté, de manière répétée, certaines des obligations liées à son contrôle judiciaire, dont celle de ne pas se rendre au lotissement La Pagerie, au quartier Clouette, aux Trois-Îlets.
Hervé Pinto devait initialement comparaître libre le 19 juin prochain pour les deux affaires dans lesquelles il est poursuivi. Son incarcération oblige la justice à le faire juger dans un délai maximum de deux mois. Une nouvelle audience sera programmée.
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Son avocat peut, dans ce laps de temps, interjeter appel des deux ordonnances de placement en détention provisoire et faire des demandes de remise en liberté. Clarisse Taron, sans présager de la suite, regrette qu’Hervé Pinto n’ait pas saisi la main-tendue du parquet.
Le choix du contrôle judiciaire avait été fait car, dans un conflit comme celui-là, qui est très enkysté, chercher une voie d’apaisement me paraissait plus intelligent. On lui reprochait des infractions pénibles mais pas de nature criminelle non plus. C’était une sorte de harcèlement qui ne cessait pas. À deux reprises, le parquet avait fait le choix d’une présentation, en lui donnant un avertissement et qu’il serait jugé le 19 juin. J’avais nourri l’espoir qu’il nous écouterait et que les choses se calmeraient d’elles-mêmes. On a été patients, on lui a laissé beaucoup de chances, je crois qu'il y a eu une main-tendue du parquet qu'il n'a pas saisie. Il y a eu plusieurs violations caractérisées du contrôle judiciaire les unes derrière les autres
9 personnes interpellées pour les violences à Fort-de-France
L’autre point évoqué, ce lundi après-midi, est lié aux violences survenues à Fort-de-France en marge de l’interpellation d’Hervé Pinto. En plus du bus et de la voiture brûlés, un gendarme a été agressé dans son véhicule et un policier de la Brigade Anti-Criminalité (BAC) a été blessé au bras.
Un distributeur automatique de billets du Crédit Mutuel a été incendié, ainsi que divers mobiliers urbains (poubelles, pneus…) barrant le boulevard du Général de Gaulle notamment.
Huit personnes, avec des armes (projectiles) ont été interpellées au niveau du Mac Donald de Dillon, pour avoir bloqué l’accès avec des panneaux en travers et des blocs de béton. Un autre personne a été interpellée dans le centre-ville pour participation avec une arme (projectile) à un attroupement violent.
Les garde à vue se poursuivent.
Après la priorité, ce dimanche, portée au maintien de l’ordre et à la sécurisation des Foyalais, une enquête a été ouverte afin d’identifier les auteurs des dégradations et des troubles causés hier soir. Les forces de l’ordre vont exploiter les vidéos diffusées, les caméras de surveillance et auditionner les témoins.
Ces violences sont relativement inquiétantes. On voit que cette affaire mobilise d’autres personnes que les soutiens habituels d’Hervé Pinto. Nous avons affaire à des personnes cagoulées, plus jeunes, plus violentes. On observe une certaine récupération, que l’on analyse davantage comme un prétexte à une émeute. Nous n’avions plus eu de telles violences depuis juillet 2023, la situation s’était relativement calmée