Assassinat et escroquerie aux Assises de Bobigny : 25 ans requis
Lourdes réquisitions au procès de Christelle C. ce 11 mars, guadeloupéenne jugée pour assassinat et escroquerie. Elle est soupçonnée d'avoir tué un homme en 2020 en Seine-Saint-Denis, avec son ex-mari. La victime aurait découvert que plusieurs dizaines de milliers d'euros avaient été volés sur les comptes de sa vieille tante, ancienne voisine du couple, alors placée en Ehpad.
"25 ans, c'est énorme" souffle Maître Eddy Arneton, l'avocat de Christelle C., en sortant de la salle d'audience après que l'avocate générale ait énoncé ses réquisitions.
Pour cette dernière, l'implication directe de Christelle C. ne fait aucun doute. La mère de famille n'est pas seule dans le box parce que Richard Alexis s'est suicidé mais parce qu'il s'agit d'un "couple criminel, uni par le secret de la transgression". "Ils vont franchir la ligne rouge tous les deux", estime la magistrate. "Ils étaient 2 du début à la fin et sont responsables du massacre de Jacques Sion", affirme-t-elle. "Elle sait ce jour-là qu'il est prévu de le tuer. Elle partage le mobile du crime", explique encore l'avocate générale aux jurés. "Ils l'ont assassiné pour essayer de s'en sortir, l'attirant dans un guet-apens, ils ont essayé d'effacer les traces, se sont accordés sur une version commune".
"Des doutes, pas des frustrations" pour la défense
"Ce dossier est un doute béant", a plaidé Maître Arneton, l'avocat de Christelle C. A l'avocate générale qui, dans ses réquisitions, disait aux jurés que s'il y avait "des trous dans le puzzle, ce ne sont pas des doutes mais juste des frustrations" de ne pas avoir toutes les réponses, il répond : "Frustration c'est le mot qu'on vous donne car on sait qu'à l'issue de cette semaine, vous n'avez que des doutes". "On est incapables au bout d'une semaine de savoir ce qu'il s'est passé ! ", martèle l'avocat. Sa cliente, "ça fait 4 ans qu'on ne l'écoute pas, qu'on ne la voit pas", regrette-t-il avant de plaider l'acquittement pour les faits d'assassinat, tout en reconnaissant la "faute incontestable", celle du recel de cadavre et de la destruction de preuves. "25 ans, c'est inimaginable, c'est être à côté du dossier", plaide-t-il encore, estimant que Richard Alexis "dans cette histoire sordide, glauque, l'a laissée à son triste sort".
"Que justice soit faite" pour les parties civiles
Un peu plus tôt dans la journée, ce sont les deux avocates des parties civiles qui se sont adressées aux jurés. "La famille Sion est détruite, inconsolable, marquée à jamais par ce drame d'une violence inouïe", a déclaré Maître Fabienne Roques. "Pour l'argent facile, sans moralité", "Christelle Claire a agit directement et non pas sous l'influence de Richard Alexis", "elle est partout !", "Elle n'a aucune empathie, aucun scrupule", a-t-elle plaidé.
"Cette famille s'efforce de maintenir le souvenir de Jacques Sion joyeux, taquin, bon vivant, dévoué, passionné de voyage", a décrit de son côté Maître Marie Guimard, qui représente de nombreux proches du septuagénaire. "Cela fait quatre ans qu'ils réfléchissent à ce qui a pu se passer", explique l'avocate pour qui le mobile est bien la découverte de l'escroquerie. "Pour cette homme vous devez rendre justice", a conclu Maître Guimard. Les 25 ans requis par l'avocate générale ? Pour les proches de Jacques Sion, c'est déjà la démonstration que leur demande de justice a été entendue.
Le verdict est attendu ce mardi.