La maladie rénale chronique : un enjeu de santé publique en Martinique
En Martinique, chaque année, une centaine de patients arrivent à une MRC, soit une maladie rénale chronique. Il s’agit de la destruction lente et progressive des reins. L’ARS (agence régionale de santé) de Martinique prévoit de lancer une campagne de promotion du don et de connaissance de cette maladie en juin prochain.
Les deux principales causes de la maladie rénale chronique sont le diabète et l’hypertension artérielle, deux maladies particulièrement fréquentes en Martinique. En 2021, 909 patients au stade 5, soit le stade ultime de la maladie nécessitant une greffe ont été traités. Parmi eux 683 étaient dialysés et 226 avaient bénéficié d’une transplantation rénale au cours des années précédentes.
L’agence régionale de santé de Martinique s’est penchée avec les autres acteurs sur cette problématique et en a fait un véritable enjeu de santé publique. Un projet régional de santé de 3e génération en découle pour la période 2023-2027.
Un état des lieux détaillé a été brossé en ce sens la semaine dernière. Dans notre île, la prise en charge devra s’améliorer pour éviter que des patients soient dialysés à vie, faute de greffe. De plus, selon les derniers chiffres, la moitié de la population s’oppose aux dons d’organes, ce qui complique la situation.
Anne Bruant Bisson, la directrice de l’agence régionale de santé de Martinique, dresse un constat alarmant :
Actuellement, on a entre 90 et 100 patients nouveaux chaque année qui présentent une insuffisance rénale terminale avec donc un véritable risque. La prévalence de cette maladie est beaucoup plus élevée. Plus d'une fois et demie, 1,7 fois en réalité que le total en France, ce qui est quand même significatif. Autre élément intéressant en termes de constat, c'est que les patients, contrairement à une idée reçue, sont globalement plus jeunes que dans l'Hexagone, puisqu'on est sur un âge médian de 66,2 ans contre 71 pour l'Hexagone.
25% bénéficient d’une greffe
Malheureusement chez nous, trop peu de patients bénéficient d’une greffe.
Parmi ces patients présentant cette maladie de stade 5, 25 % bénéficient d'une greffe. C'est peu. Au niveau national, on est sur un pourcentage de 45 % et 75 sont dialysés. Et à l'inverse, c'est beaucoup par rapport au niveau national où la dialyse ne concerne donc, pour ces maladies de stade cinq, que 55 %. Donc ça veut dire que globalement on a une forte incidence supérieure en tout cas à la métropole, ce qui est lié d'ailleurs à d'autres causes comme le diabète et l'hypertension artérielle notamment.
Peu de patients obtiennent une greffe. Actuellement, ils sont en moyenne 16 par ans à en bénéficier.
Promouvoir le don
« C'est un chiffre qui nous alerte puisque, au fond, un patient qui entre en dialyse en Martinique a environ deux fois plus de chance ou de risque d'être dialysés à vie et entre deux et trois fois moins de chance de bénéficier d'une greffe par rapport à l'ensemble des patients en maladie rénale chronique sur la France entière », précise Anne Bruant Buisson.
L’enjeu est donc d’augmenter le nombre de patients greffés en Martinique. Mais encore faut-il encourager davantage le don d’organe.
Il faut que les structures de dialyse augmentent le nombre de patients qui sont sur la liste d'attente. Parce que si on n'est pas sur la liste d'attente, on n'est pas greffé pour être inscrit sur la liste d'attente et être susceptible d'être greffé, il faut avoir des bilans prégreffe, être capables de réaliser ces bilans de manière réactive, précise et correspondant aux attentes des transplanteurs, mais également des éléments relatifs aux patients. Il faut développer bien sûr la greffe au stade avancé de la maladie, mais il faut développer la greffe préemptive.
Le 22 juin 2024, l’ARS de Martinique devrait lancer une campagne de promotion du don et de connaissance de la maladie rénale.