La vente sauvage d'alcool durant le carnaval pointée du doigt par certains commerçants foyalais
Certains commerçants de Fort-de-France dressent un bilan économique mitigé du carnaval 2024. Ils pointent du doigt le rôle des vendeurs d'alcool à la sauvette.
La règle était la même pour tous les vendeurs ambulants durant les jours gras : pas de vente d'alcool sur la voie publique. Pourtant, au lendemain du carnaval de Fort-de-France, les vendeurs sédentaires dénoncent un non-respect flagrant. Jean-Hugues Porro, gérant du restaurant "Ô très bon", livre son analyse sur ce problème
Comme ils n'ont pas de loyer et pas de charges et comme les emplois ne sont pas déclarés, ils vont vendre leurs produits moins chers que nous. Les futurs clients potentiels qu'on devrait attirer vont carrément chez eux. Voilà. Quand ils vont consommer chez eux, ils viennent chez nous avec leurs bouteilles. Si demain il y a un problème comme ça, c'est nous qui seront responsables puisque ils vont consommer ailleurs
Pour autant, le restaurateur reste diplomate vis-à-vis de la mairie d'autant plus qu'il pointe du doigt les vendeurs à la sauvette plutôt que tous les commerçants ambulants autorisés. Noyés dans la foule, ces derniers étaient souvent équipés d'un caddie et d'une glacière pour se déplacer facilement.
Il y a eu des réunions en mairie qui disaient aux commerçants que ceux qui étaient sur la voie publique ne pas vendre de l'alcool. Alors je ne pense pas que ce soit la mairie qui aurait donné l'autorisation aux vendeurs ambulants sauvages, d'autant plus que des enfants mineurs vendaient de l'alcool. Il y avait de l'alcool partout, dans chaque coin de rue de Fort-de-France. Dès 10 heures du matin, il y avait déjà des marchands d'alcool
"Culture du carnaval"
S'ils sont nombreux à dénoncer cette concurrence dite déloyale pour d'autres et qu'ils ne cautionnent pas la façon de faire, certains considèrent tout de même que cela fait partie du fonctionnement lors du carnaval. Kevin Hegel, gérant du restaurant chez Lucrèce.
Ils sont là et vendent de manière illégale. Je ne sais pas quoi en penser. Je ne les blâme pas plus que ça. Même si moi, par exemple, ça me porte préjudice au final. Mais c'est comme ça en fait. Nous, on fait de l'argent toute l'année. Oui, c'est déloyal, oui ça nous fait concurrence. Mais en vrai, c'est la culture du carnaval
Contrôle à renforcer
La ville avait bien prévu des contrôles mais ils n'ont pas été suffisants au goût des commerçants. Ils visaient notamment l'usage de bouteilles en verre. Ainsi, les policiers ont mis la main sur 249 bouteilles en verre et un fourgon rempli de bouteilles.
Pour autant, la municipalité reconnaît que le dispositif peut encore être amélioré. C'est en tout cas ce que pense Maurice Ferné, directeur du département sécurité-proximité de la ville de Fort-de-France.
Les contrôles sont effectués avant. Ils sont effectués aussi jusqu'au début des manifestations de carnaval et un certain nombre de contrôles sont effectués également pendant les manifestations. Il nous faut peut être améliorer cet aspect là puisque un certain nombre de ces vendeurs déploient, on va dire, des trésors d'imagination pour contourner la règle. On a déjà eu du stockage de boissons dans des chambres d'hôtel, stockage de boissons dans des véhicules et les stands sont approvisionnés par certaines personnes pendant les manifestations. Mais nous avons aussi un contrôle qui est effectué par des policiers en civil de la police nationale. Et puis l'ensemble du centre ville est sous vidéoprotection. Donc il nous faudra effectivement améliorer peut être cette efficacité des contrôles pendant les manifestations
Le vente d'alcool était d'ailleurs au centre des préoccupations de la ville durant cette édition puisqu'elle avait fait de la maîtrise des bars éphémères.