Pour le CHUM, il faut des réponses « urgentissimes » selon Yvon Pacquit, président du conseil de surveillance

Par 06/02/2024 - 13:56 • Mis à jour le 06/02/2024 - 14:23

Yvon Pacquit, président du conseil de surveillance du CHU de la Martinique, était l'invité de la rédaction. Il s'est longuement exprimé sur la situation difficile de l'hôpital public en Martinique mais aussi au niveau national.

    Pour le CHUM, il faut des réponses « urgentissimes » selon Yvon Pacquit, président du conseil de surveillance

Le 29 janvier dernier, 32 présidents des conseils de surveillance de l'Hexagone et des Outre-mer ont écrit au premier ministre, Gabriel Attal.

Le courrier alertait sur les conséquences pour les territoires des déficits sans précédent des CHU. Pour les 32 centres-hospitaliers universitaires, on estime le déficit à 1,2 milliard d’euros à la fin de l'année 2023. Il était de 400 millions en 2022.

Une dégradation profonde et rapide qui inquiète.

En Martinique, le déficit de l'hôpital public s'est lui aussi creusé de plus de 60% en 9 ans. Estimé à 100 millions d'euros en 2015, il dépasse désormais les 160 millions d'euros.

Pour Yvon Pacquit, président du conseil de surveillance du CHUM, ce déficit est avant tout de nature structurelle :

Ça fait déjà des années que nous soulignons pour l'Outre-mer qu'il y a un déficit structurel et qu'il faut, face à ce déficit structurel, des réponses structurelles et pas non plus des réponses conjoncturelles. Globalement, la situation des hôpitaux dans l'ensemble de la France s'est dégradée très fortement depuis le covid. Je pense que c'est plutôt dû à un manque d'attention des autorités publiques. C'est à dire que le gouvernement, l'État a considéré que c'était peut être pas un secteur digne d'intérêt. C'est un c'est factuel. Il n'y a toujours pas de ministre de la Santé, donc je suis tout à fait fondé à considérer que depuis quelques années, les pouvoirs publics, les autorités nationales n'ont pas considéré que c'était une priorité

Un déficit qui ne cesse de gonfler

« Il y a véritablement une inadéquation manifeste du mode de financement de l'outre mer », estime par ailleurs l'invité de la rédaction.

Dans l'outre mer, nous avons les mêmes contraintes en termes de réponses sanitaires que nous devons aux populations, mais nous avons, c'est évident, les dotations qui ne sont peut être pas assez adaptées. Il y a un coefficient qui s'appelle coefficient géographique qui est censé corriger les inconvénients dus à la distance. Tout ce que nous importons en termes de médicaments, même la rémunération des médecins. Depuis peu, on les a alignés sur les 40 %. Donc ça fait des surcoûts très importants. Or c'est estimé à 27 % de différence. On a déjà fait toute sorte de calculs pour montrer que ça devrait tourner autour de 37, 38 %. On nous dit "oui, on vous comprend", mais le résultat ne bouge pas

Malgré les multiples changements de direction avec des consignes pour diminuer les dépenses, le déficit du CHU de la Martinique n'a cessé de gonfler. Les dettes envers les fournisseurs également. 

On ne peut pas résorber 100 millions de déficit annuel par des mesures uniquement organisationnelles. Vous savez ce que Paris dit jusqu'à aujourd'hui : "Il faut optimiser, il faut organiser, il faut diminuer les effectifs, il faut que des mesures d'ordre organisationnel". C'est un non-sens économique, c'est un non-sens de gestion et les faits nous le prouvent. Il faut d'autres mesures que des mesures organisationnelles. Bien sûr, il ne s'agit pas de dire qu'il ne faut rien faire. On peut toujours optimiser. Mais l'optimisation organisationnelle ne saurait être la seule solution pour permettre de fonctionner

La panne de trois appareils de radiothérapie est la conséquence directe de cette gestion budgétaire inadaptée selon Yvon Pacquit qui rappelle que c'est l'Etat qui a la main sur la gestion du CHUM.

Ecoutez l'entretien qu'Yvon Pacquit a accordé à Cédric Catan :

 


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