Région Guadeloupe : poussée de fièvre d’une petite partie du personnel
La réorganisation à l’œuvre depuis un mois maintenant au sein des services de la collectivité régionale, avec son lot de supposées mises au placard de certains cadres et de stress pour des agents qui se retrouveraient sans affectation, devait conduire le personnel visé à se mobiliser le mardi 9 mai, dans le hall de l’hôtel de région. Ce mouvement sera-t-il suivi, au moment où l’exécutif régional, porte-parole d’Emmanuel Macron grand vainqueur de la présidentielle, est au plus fort de son influence ?
Il faut croire que le personnel de la Région-Guadeloupe a décidé de ne pas donner de répit au président Chalus après la victoire éclatante d’Emmanuel Macron dans la course à l’Elysée. Depuis plusieurs semaines, une fronde tente de se dessiner pour contester la réorganisation des services mise en œuvre et son corolaire de déplacements de cadres relevés de leurs fonctions et autres mises au placard, sans affectation. Interrogé dans « Sans Langue de Bois » au micro d’Eddy Planté, le président de région avait confirmé il y a peu, cette réorganisation en cours et précisé que précaution avait été prise de mettre en place parallèlement des cellules d’écoute pour accompagner ce vaste chantier, visant à rendre plus efficace l’action de la collectivité au service des guadeloupéens.
Une réorganisation engagée début avril
Le personnel concerné, lui, n’a pas la même lecture visiblement et dans un tract – anonyme signé par aucun syndicat - qui appelle donc à cette mobilisation ce mardi 9 mai, dans le hall d’entrée de la région, il indique que « la réorganisation des services s’est traduite dans sa première version livrée le 11 avril, par un véritable massacre perpétré sur des carrières très méritantes de collègues directeurs qui ont sauvagement été planqués dans des placards de chargés de mission ou encore littéralement arrachés de leurs postes et sans affectation ». On peut lire également dans ce même document, « comme le bourreau aime faire durer la torture, le 25 avril, c’était au tour des chefs de service de constater que nombreux de leurs collègues ont été décapités sans la moindre explication. Nous ne pouvons plus continuer à subir en silence ces exactions qui mettent à mal tant nos acquis que nos perspectives de carrières ».
Le départ du DGS-adjoint demandé
Dans le viseur des frondeurs, José Gaydu, nommé récemment DGS-adjoint et qui est accusé d’avoir orchestré sans scrupule ce plan machiavélique, avec des prérogatives et une liberté d’action qui trahissent de plus en plus difficilement sa prééminence sur son supérieur théorique. Dans cet appel à la mobilisation, le personnel exige le départ immédiat de ce fonctionnaire, l’estimant indigne d’exercer dans notre [la] collectivité en tant que DGS adjoint.
C’est en cela que tous les agents régionaux, des antennes et personnels transférés sont invités par ce collectif à se rassembler au hall principal de la collectivité pour demander la remise à plat du plan de réorganisation de l’administration régionale et le respect des droits des agents territoriaux.
Auparavant, c’est la CFTC-Syndicat des Agents des Collectivités Territoriales de Guadeloupe qui s’était fait le relais du mal-être de certains cadres de la région. « Depuis longtemps, la réorganisation des services régionaux était annoncée, et depuis de très nombreux mois, une multitude de cadres attendaient de voir à quelle sauce ils seraient mangés. C’est un monstrueux pétage de tête que certains vivent comme un véritable attentat contre leur personne et leur carrière » avait écrit l’organisation syndicale dans une lettre ouverte, suggérant aux victimes de la réorganisation de rejoindre ses rangs et exhortant le président de région à mettre fin à leur enfer.
Ne pas subir l’inertie des services
La président Chalus évoque pour sa part une réaction très marginale se limitant à 4 cadres, déplacés suite des manquements graves dans leurs missions. D’ailleurs, les syndicats de la Région en ont été informés, précise encore l’exécutif, et ces derniers n’ont rien trouvé à redire. En d’autres termes, circulez, il n’y a rien à voir.
Si le personnel visé estime être dans son bon droit, peut-on faire le reproche à un président de région de vouloir placer ses hommes et femmes de confiance, d’expérience et de compétences, aux postes-clés, d’un tel mastodonte pour s’assurer d’une parfaite mise en œuvre de sa politique ? Ne rien changer dans l’organisation des services de la région ne conduirait-il pas l’exécutif régional à s’exposer dangereusement à termes, à la propension léthargique de confort de la technostructure ?
La rupture, le changement –d’avenir – en interne à la région réside en réalité dans le fait que, le président Ary Chalus, désormais rompu à l’exercice du pouvoir et de sa conquête, ne veut certainement pas commettre l’erreur de son prédécesseur qui subissait sans broncher, l’inertie de ses services, phénomène qui s’est amplifié en sa défaveur, jusqu’à la fin de son mandat. Reste qu’une ferme reprise en main et une mise au pas de l’administration régionale, par l’actuel président de Région, dans le sens de l’obligation de résultat, n’exclut pas qu’il y mette les formes. Plus encore face à un personnel qui considère, sournoisement, que les élus passent et que les administratifs, restent. Sauf qu’en attendant, n’en déplaise à ce même personnel, il y a un patron à la Région, qui compte bien le rester quand bien même serait-il nommé ministre dans le 1er gouvernement du quinquennat Macron.