Le Mahogany, un arbre classé en danger : qu’en est-il chez nous ?
Le 11 décembre dernier, le Mahogany, aussi appelé bois d’acajou est passé d’arbre vulnérable à arbre en danger sur la liste des espèces menacées de l’UICN (union internationale de la conservation de la nature). Qu’en est-il sur notre territoire ?
157 190, c’est le nombre d'espèces menacées d’extinction à l’échelle mondiale. Cette liste, de l’UICN, a été revue le 11 décembre dans le cadre de la COP28. Parmi les grands changements, le Mahogany, aussi appelé bois d’acajou, est passé de « vulnérable » à « en danger ».
Une espèce importée
Ce qui signifie, en danger d’extinction. Une classification qui ne correspond pourtant pas à la réalité de terrain en Martinique, comme l’explique Guillaume Viscardi, directeur du Conservatoire Botanique Nationale de Martinique.
On ne peut pas dire qu'elle est en danger ou pas en danger parce qu'en fait, elle n'est pas indigène, elle n'est pas naturellement présente, elle a été introduite. Donc, en fait, le concept même d'espèce en danger ou pas en danger n'est pas valable pour une espèce exotique sur un territoire. Et en fait, ce n'est pas parce qu'elle est plantée en masse en Martinique qu'en fait, elle n'est pas en danger.
Le Conservatoire Botanique National de Martinique considère d’ailleurs cet arbre comme espèce exotique envahissante. Originaire d’Amérique centrale et du sud, et introduite au 19e siècle en Martinique, l’espèce s’est en effet plutôt bien implantée sur notre île.
Aujourd'hui, elle serait plutôt classée comme une espèce envahissante, parce qu'en fait, à force d'avoir été plantée en masse, elle se régénère un petit peu trop. Et elle survit sans la nécessité d'être plantée. On dit qu'elle s'est naturalisée.
Pas de liste rouge en Martinique
En réalité, les espèces de la Martinique ne sont pas encore prises en compte dans la liste rouge mondiale. Pour ce faire, il faudrait d’abord qu’il existe une liste rouge régionale, et pour l’heure, seule un livre rouge existe comme le précise Guillaume Viscardi :
On a un livre rouge, mais c'est 160 espèces sur les 1600 indigènes de Martinique qui ont été évaluées. Donc ce n'est pas suffisant pour faire une liste rouge. Et justement, normalement, à partir de 2024, le Conservatoire devrait travailler avec l'UICN pour lancer ce projet de liste rouge régionale, de liste rouge pour la Martinique, qui pourra ensuite participer à l'évaluation des espèces au niveau de la liste rouge mondiale.
Cependant cela représente une tâche assez complexe, car il faudrait travailler en étroite collaboration avec plusieurs pays :
Une orchidée, par exemple, qui va être présente en Martinique, à Saint-Vincent et à Montserrat, il faut travailler avec trois pays différents pour l'évaluer, c'est-à-dire pour savoir si elle est véritablement en danger dans toute cette zone-là.
Il devient alors compliqué de se prononcer sur la vulnérabilité ou non d’une espèce sans cette concertation internationale.